En s’emparant de la figure de Macbeth, le Munstrum trouve une matière incandescente pour déployer l’esthétisme de son théâtre visuellement fascinant. Louis Arene et Lionel Lingelser puisent dans l’ambition dévorante du héros shakespearien une puissance dramaturgique qui se lie à leur univers hors norme, un monde où la tragédie s’étire jusqu’au chaos.
La compagnie nous plonge avec perte et fracas dans les ténèbres shakespeariennes. Dans un effet saisissant, le Munstrum transforme les landes écossaises en un champ de bataille sanguinolent. La scène d’ouverture ancre immédiatement la pièce dans son contexte, un monde brutal où ne subsiste qu’une humanité déchirée, impitoyable, livrée à ses seules pulsions.
Autour du couple maudit, incarné par Louis Arene et Lionel Lingelser, les comédiens Delphine Cottu, Sophie Botte, Olivia Dalric, Anthony Martine, François Praud et Erwan Tarlet composent une cour monstrueuse, hybride, transfigurée par les costumes de Colombe Lauriot Prévost. Entre récup et déguisements jubilatoires, elle propulse les corps des comédiens dans une théâtralité qui exhale le tragique des destins en jeu. Louis Arene et Lionel Lingelser, dans la peau de Makbeth et Lady Makbeth, hypnotisent. Jamais le masque ne vient ici se substituer à la puissance de représentation des artistes, il la décuple. Leur humanité fissurée surgit dans un vertige cauchemardesque où la folie devient une matière palpable. Les deux acteurs s’emparent de la beauté machiavélique du couple shakespearien, de cette tragédie du régicide qui consume les époux jusqu’à leur propre disparition.
La représentation se nourrit de la violence et de la tyrannie des caractères Shakespeariens pour déployer au plateau une langue qui jaillit dans les images fantasmatiques. Sorcières ectoplasmiques, chevaliers possédés, la troupe déploie sa nuit shakespearienne traversée de visions hallucinées. Une profusion d’images saisissantes s’élève, incarnant la tragédie dans une forme plastique composée à sa mesure.
Makbeth par le Munstrum, donne à voir une folie nue, charnelle, comme un cri arraché aux profondeurs. Un cauchemar incandescent où la tragédie prend son envol.
Production Munstrum Théâtre
Coproduction Les Célestins – Théâtre de Lyon, Théâtre Public de Montreuil – Centre dramatique national, TJP – Centre dramatique national de Strasbourg – Grand Est, La Comédie – Centre dramatique national de Reims, La Filature – Scène nationale de Mulhouse, Châteauvallon-Liberté – Scène nationale, Les Quinconces et L’Espal – Scène nationale du Mans, Théâtre Dijon Bourgogne – Centre dramatique national, Théâtre Varia (Bruxelles), Malakoff scène nationale – Théâtre 71, Le Carreau – Scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan Participation et soutiens DRAC Grand Est – ministère de la Culture au titre du Fonds de production, S.A.S Podiatech – Sidas, dispositif d’insertion professionnelle de l’ENSATT, Ville de Mulhouse, Théâtre Dromesko, Le Melting Pot, Le Bercail – outil de création, marionnette et arts associés, Cromot – maison d’artistes et de production, La Maison des Métallos, Théâtre du Rond-Point.
Soutien de la Région Grand Est au titre de l’aide au projet de création.
Soutien de la Région Ile-de-France au titre de l’aide à la diffusion des œuvres dans le domaine du spectacle vivant (pour l’exploitation au Théâtre du Rond-Point).
Le Munstrum Théâtre est associé aux Célestins – Théâtre de Lyon et au Théâtre Dijon Bourgogne – Centre dramatique national.
La toile Le Ciel orangé a été créée par *Christian Fenouillat pour La Trilogie de la villégiature mis en scène par Claudia Stavisky.
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Sophie Trommelen, vu le 21 novembre 2025 au Théâtre du Rond-Point.