Affaires Familiales d'Émilie Rousset

 


De la parole recueillie d'avocats, de victimes, de militants, tous confrontés à des affaires familiales au sens personnel et juridique du terme, Émilie Rousset dessine le portrait de la justice ou plus précisément du traitement et de la réponse juridique à des affaires qui touchent au plus près une intimité bouleversée, violentée. Derrière chaque article de loi, suspendus à un verdict, il y a des vies, des blessures, des combats, des victimes de violences institutionnelles ou physiques touchées dans leur intégrité et dans leur parentalité.
Au-delà d'un jugement attendu qui désignerait froidement un coupable, le droit familial se doit avant tout de conforter, défendre et protéger la famille.

Découpée en neuf tableaux distincts, Affaires Familiales déploie au plateau des histoires personnelles, toutes confrontées à une justice hors sol. Mariage homosexuel, GPA, inceste, enlèvement parental, violences et devoir conjugal, autant de thématiques abordées qui interrogent la capacité de l’institution judiciaire à répondre à des vécus qui se font l'écho d'évolutions sociétales qui n'ont de problématiques que le décalage de lois inadaptées et archaïques.

Sans jamais trahir ni déformer la parole collectée, les comédiens s'emparent de ces parcours personnels douloureux. Saadia Bentaïeb, Antonia Buresi, Teresa Coutinho, Ruggero Franceschini, Emmanuelle Lafon, Núria Lloansi et Manuel Vallade, rejouent ces dialogues qui se nouent et se heurtent à un système judiciaire qui reste accroché à une sacralisation complétement dépassée du lien familial. Sur une scène d’un blanc immaculé, où les vagues du dispositif scénique de Nadia Lauro accompagnent le mouvement des interprètes, la parole circule avec l’énergie de ceux qui font bouger les lignes. En filigrane, des extraits d’interviews projetés nous ramènent à la réalité des propos figurés au plateau. Avec subtilité, le texte compose avec la complexité d’une sémantique où se croisent sphère privée et droit étatique, militantisme et conviction, engagement professionnel et citoyen.

Comme cette avocate dont la vocation est née de son militantisme, Émilie Rousset pose ses petits cailloux le long d'un chemin long et sinueux pour faire surgir l'importance du combat collectif. En puisant sa force d'un théâtre du réel pertinemment documenté, Affaires Familiales démontre avec force que la justice ne peut avancer qu’à la mesure des voix qui la contestent et la réinventent.
Un théâtre lucide et profondément humain.

 


Affaires Familiales d' Émilie Rousset jusqu'au 3 octobre au Théâtre de la Bastille  dans le cadre du Festival d’Automne 2025

Conception, écriture et mise en scène Émilie Rousset
Avec : Saadia Bentaïeb, Antonia Buresi, Teresa Coutinho, Ruggero Franceschini, Emmanuelle Lafon, Núria Lloansi et Manuel Vallade
Conception du dispositif scénographique : Nadia Lauro
Musique : Carla Pallone
Collaboration à l’écriture : Sarah Maeght
Création lumière : Manon Lauriol
Cheffes opératrices : Alexandra de Saint Blanquat et Joséphine Drouin Viallard
Cadreur additionnel Italie : Tommy
Cadreuse additionnelle Espagne : Maud Sophie
Montage : Carole Borne, avec le renfort de Gabrielle Stemmer
Assistante à la mise en scène : Elina Martinez
Dispositif son et vidéo : Romain Vuillet
Costumes : Andrea Matweber
Régie plateau et régie générale : Jérémie Sananes
 

Production Centre Dramatique National Orléans / Centre-Val de Loire, initiée par la Compagnie John Corporation (conventionnée par la DRAC Île-de-France et par la Région Île-de-France), avec l’aide précieuse du bureau de production Les Indépendances (Colin Pitrat et Hélène Moulin-Rouxel) 

Coproduction Points communs – Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, Le Volcan – Scène nationale du Havre, Le Lieu Unique (Nantes), La Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale, Scène nationale de l’Essonne, Théâtre de la Bastille, Festival d’Avignon

Sophie Trommelen, vu le 19 septembre 2025 au Théâtre de la Bastille.