Terrasses de Laurent Gaudé mise en scène Denis Marleau

 

 
En puisant dans la force du témoignage, Laurent Gaudé déploie en 10 tableaux successifs la chronologie d'une journée à jamais ancrée dans notre histoire contemporaine.  Terrasses saisit l'instant, celui du quotidien qui bascule dans l'horreur, la stupeur et la sidération en ce jour du 13 novembre 2015. 
 
Les 17 comédiens, en une parole chorale, portent chacun le récit d'une individualité qui fait alors corps avec l'horreur. Des amoureuses, des sœurs jumelles, un couple qui se dispute, les figures familières se rencontrent à ce même point de l’impensable, de la violence qui dévore tout sur son passage.
S’éloignant d'un narratif descriptif, Laurent Gaudé nous plonge dans l'évocation d'une intériorité, du sentiment, celui du basculement dans la peur, l'effroi et la terreur. L'émotion par ce qu'elle a de tangible, redonne un visage au nom de victime, fait surgir l'humanité face au récit historique glaçant.
Le metteur en scène Denis Marleau, avec une sobriété essentielle à la vertiginosité du texte, plonge les voix qui hantent le plateau dans une obscurité fantasmagorique. Les fantômes et les survivants de la tragédie se côtoient, tous damnés, condamnés par le seul fait du hasard.
Fulgurant lorsque le témoignage se fait alors plus factuel, la précision des interventions des policiers, du GIGN, des soignants et des secouristes figurent toujours l'idée de l'humain qui subsiste au fait. Alors porté par l'instinct du devoir, en proie au doute et puisant leurs forces dans la résurgence d'actes mille fois répétés, l'homme et sa profession ne font alors plus qu'un. Le récit s'empare de tout le courage déployé à cet instant précis de l'urgence.
 
Recueil d'une parole poétique chorale, Terrasses célèbre la fraternité, la résilience, la fragilité d'une émotion qui fait alors la force d'un collectif et qui à jamais nous sépare de la monstruosité.



Photos : Simon Gosselin

Terrasses texte de Laurent Gaudé mise en scène Denis Marleau du 15 mai au 9 juin 2024 au Grand théâtre, La Colline Théâtre National

avec : Marilou Aussilloux, Sarah Cavalli Pernod, Daniel Delabesse, Charlotte Krenz, Marie-Pier Labrecque, Jocelyn Lagarrigue, Victor de Oliveira, Alice Rahimi, Emmanuel Schwartz, Monique Spaziani, Madani Tall, Yuriy Zavalnyouk et Anastasia Andrushkevich, Orlène Dabadie, Axel Ferreira, Lucile Roche, Nathanaël Rutter de la Jeune troupe de La Colline
scénographie, vidéo et collaboration artistique : Stéphanie Jasmin
musique originale : Jérôme Minière enregistrée avec Guido Del Fabbro au violon, Philippe Brault à la contrebasse et Guillaume Bourque à la clarinette et clarinette basse lumières Marie-Christine Soma assistée de Raphael de Rosa
costumes : Marie La Rocca assistée d'Isabelle Flosi et Claire Hochedé
maquillages et coiffures : Cécile Kretschmar assistée de Mityl Brimeur
montage et staging vidéo : Pierre Laniel
design sonore : François Thibault
conseil chorégraphique : Stéfany Ganachaud
assistanat à la scénographie : Marine Plasse
assistanat à la mise en scène : Carol-Anne Bourgon Sicard et Sérine Mahfoud
fabrication des accessoires et costumes : ateliers de La Colline
construction du décor : atelier de La Colline en collaboration avec Hervé Cherblanc
production UBU Compagnie de création
coproduction La Colline – théâtre national
La compagnie UBU est subventionnée par le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de Montréal
avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Paris 
 
Le texte est publié aux éditions Actes Sud-Papiers.
 
Sophie Trommelen, vu le 15 mai 2024 à  La Colline Théâtre National,