
Inviter une langue au Festival d’Avignon, c’est d’abord accepter qu’aucune programmation ne saurait épuiser sa richesse et sa diversité. Mais c’est aussi trouver dans cette langue une inspiration qui nous déplace, qui nous pousse à entreprendre des voyages, à faire des découvertes, à nouer des dialogues, à aller là où nous ne serions pas allés sans elle. Cinquième langue la plus parlée au monde, deuxième en France, l'arabe est présent en Europe, bien qu’extra-européen. À la différence de l’anglais et de l’espagnol, invités lors des précédentes éditions et dont l’expansion s’est accomplie depuis l’Europe vers le reste du monde, l'arabe porte en lui d’autres mouvements, voyages et récits.
Langue de lumière, de dialogue, de connaissance et de transmission, l’arabe est souvent - dans un contexte polarisé à l’extrême - pris en otage par les marchands de violence et de haine qui l’assignent à des idées de fermeture et de repli sur soi, de fondamentalisme et de choc des civilisations. L’inviter au Festival, c'est choisir de faire face à la complexité politique plutôt que l’esquiver, de faire confiance à la capacité qu’ont les arts de créer des espaces de débat et de commun.
Lors de cette 79e édition, l’arabe sera représenté par des créatrices et créateurs venus de Tunisie, de Syrie, de Palestine, du Maroc, du Liban, d’Irak... Tous ont un rapport fort à un pays, à une région, à un territoire. À travers leurs langues et leurs dialectes, ils nous connectent à des réalités, ils nous donnent à penser comment les mots - en modifiant la perception du réel - ont le pouvoir de transformer l’histoire des peuples.