Le Jeu des ombres de Valère Novarina mise en scène Jean Bellorini


 

En une plongée vertigineuse dans l'abîme du langage sans cesse réinventé de Valère Novarina, Jean Bellorini déploie le mythe d'Orphée en une féerie sonore et visuelle qui donne chair à une œuvre fondatrice qui résonne alors comme une ode à l'amour et la vie.

Valère Novarina compose une langue nouvelle, inventée, composée de signes, bousculant un signifié et un signifiant alors prégnant. Sans jamais altérer une communication et une compréhension possible, la langue de l'artiste se révèle étonnamment plus accessible que certaines formes langagières à la velléité discursive qui nous dépasse. S'affranchissant d'un vain désir de manipulation langagière, la sincérité de la langue de Valère Novarina permet son universalité. Le Jeu des ombres se dessine alors comme un hommage au langage poétique, un langage sensoriel, inclusif et généreux.
Le Jeu des ombres chemine petit à petit à l'endroit du ressenti, du dire qui rassemble.
 
Le metteur en scène habille le long poème d'un esthétisme où l'espace et la lumière ouvrent une écoute possible, entière et apaisée.Jean Bellorini au-delà de mettre en scène une dramaturgie, accueille le spectateur en accordant la musicalité du langage de Valère Novarina aux partitions de L’Orfeo de Monteverdi et aux créations musicales de Stéphane Trouvé. Le langage et la musique s’entremêlent dans cette suite d’apartés dessinant un univers qui se dore de couleurs nouvelles, inexplorées, comme pour nous préparer à cheminer avec Orphée dans ce labyrinthe vers la mort et les enfers.
Les comédiens, en ombres fantasmagoriques, évoluent dans la scénographie de Jean Bellorini. François Deblock, Mathieu Delmonté, Karyll Elgrichi, Anke Engelsmann, Aliénor Feix, Jacques Hadjaje, Clara Mayer, Laurence Mayor, Liza Alegria Ndikita, Marc Plas et Ulrich Verdoni insufflent un esprit de troupe disparate aux accents et univers pluriels qui créent la rencontre, l'être ensemble.
La ligne de feu qui s'embrase réchauffe plutôt qu'elle ne sépare. Les vivants et les morts naviguent ensemble sur le fleuve apaisé du souvenir. 
 
Le Jeu des ombres nous entraîne entre les cendres et la lumière dans une capsule intemporelle et polyphonique. Dans un maillage de formes plurielles, Jean Bellorini noue les partitions et déploie des images graciles et chaleureuses reliant à jamais deux royaumes qui, à cet instant de tous les possibles du théâtre, se rencontrent et font corps.

 


 
photos : ©Christophe Raynaud de Lage

Le Jeu des Ombres de Valère Novarina au Théâtre des Bouffes du Nord du 25 avril au 6 mai 2024 au Théâtre des Bouffes du Nord


Mise en scène : Jean Bellorini
Avec : François Deblock, Mathieu Delmonté, Karyll Elgrichi, Anke Engelsmann, Aliénor Feix, Jacques Hadjaje, Clara Mayer, Laurence Mayor, Liza Alegria Ndikita, Marc Plas et Ulrich Verdoni Euphonium Anthony Caillet
Piano : Guilhem Fabre
Violoncelle : Barbara Le Liepvre
Percussions : Benoit Prisset
 
Production : Théâtre National Populaire ; La Criée – Théâtre national de Marseille

Coproduction : ExtraPôle Provence-Alpes-Côte d’Azur* ; Festival d’Avignon ; Théâtre de Carouge ; Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence ; ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie ; Les Gémeaux – scène nationale de Sceaux ; MC2 : Grenoble ; Théâtre Gérard Philipe – centre dramatique national de Saint- Denis ; Le Quai – CDN Angers Pays de la Loire ; scène nationale du Sud-Aquitain, Bayonne ; anthéa-Antipolis Théâtre d’Antibes ; scène nationale Châteauvallon-Libert., Toulon

Avec le soutien du Cercle de l'Athénée et des Bouffes du Nord

Plateforme de production soutenue par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur rassemblant le Festival d’Avignon, le Festival de Marseille, le Théâtre national de Nice, La Criée – Théâtre National de Marseille, Les Théâtres, anthéa-Antipolis Théâtre d’Antibes, scène nationale Châteauvallon-Liberté et la Friche la Belle de Mai

Sophie Trommelen, vu le 25 avril 2024 au Théâtre des Bouffes du Nord