A travers le portrait d'Asmahan, actrice et chanteuse, star du Caire des années 30, Dea Liane tisse en filigrane le portrait d'une époque et croise dans un jeu de miroir subtil le destin de femmes d'hier et d’aujourd’hui.
Convoquant les figures d'Oum Khalthoum, d'Omar Sharif, ces grandes stars du monde arabe, Dea Liane évoque l'âge d'or d'une culture rayonnante.
Dea Liane mêle le fil personnel de son histoire à l'évocation de la vie de la chanteuse au destin tragique.
D'origine syrienne et libanaise, la narratrice à 9 ans en 1999 quand elle quitte Beyrouth, carcasse palpitante alors en pleine reconstruction.
Désormais installée en France, sa famille lui raconte la folie insouciante de ces années où tout semblait possible, la Syrie, le Liban d'avant, avant l'obscurantisme, avant les guerres.
Nourrie de cette transmission, Dea Liane se fond dans le personnage d'Asmahan dont il ne subsiste aucune interview, aucune image d'archives, si ce n'est ses films et ses chansons. En dehors de ses apparitions scéniques, ne reste alors que des suppositions.
De ce brouillard, Dea Liane reconstruit et redonne vie à la femme cachée derrière l'artiste.
Reconstituant des archives radiophoniques factices, se filmant en noir et blanc, elle se glisse dans la peau de l'artiste pour porter la voix triste et délicate de celle qui chantait les amours impossibles.
En épitaphe, elle projette un extrait du texte d'Anne Dufourmantelle, Éloge du risque. Son indépendance, Asmahan l'a vécue comme une évidence. Diva de la nuit, fragile et sulfureuse, elle s'est affranchie, jusqu'à en perdre la vie, disparue dans un mystérieux accident de voiture.
Comme une prophétie, celle qui est née sur les eaux lors d'une traversée en mer, meurt noyée dans le Nil.
La tragédie nourrit le mythe de l'étoile filante, dont l'image désormais placardée sur les murs de Beyrouth se fait le symbole d'une révolution pleine d'espoir.
Accompagnée du musicien Simon Sieger, Dea Liane de sa voix profonde et gracile explore l'univers d'Asmahan et noue un dialogue musical qui se fait l’écho de l'histoire d'un peuple qui palpite qu'elle fait vibrer sur la scène.
Comme un exutoire à son sentiment d'impuissance face aux épreuves que traversent ces pays dont elle est originaire, Dea Laine réécrit son histoire à travers celle d'Asmahan.
Dea Laine compose un portrait de femmes touchant et sensible, un voyage musical teinté d'une douce nostalgie.
Crédit Photo : Jean-Louis Fernandez
Le Cœur au bord des lèvres de Dea Liane jusqu'au 22 février 2023 à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Texte et mise en scène Dea Liane
Composition musicale / arrangements : Simon Sieger
Avec la collaboration artistique de Célie Pauthe
Interprètes : Dea Liane & Simon Sieger
Scénographie : Salma Bordes en collaboration avec Marianne Tricot
Costumes Anaïs Romand
Réalisation costumes : Florence Bruchon, Pauline Kocher et Milena Sloata
Traduction en arabe égyptien et voix du Journaliste : Georges Daaboul
Création vidéo : François Weber
Création et régie lumières : Sébastien Lemarchand
Création et régie son : Mélissa Vieille
Régie vidéo : Lou Zimmer
Conseils coiffure : Florence B. Coiffure
Films Regent Archives : Jacques Haïk, Lamia Ziadé, Martina Catella, André Eskandar, Pauline Haudepin, Rémy Alexandre, Jérémie Bernaert
Production : CDN Besançon Franche-Comté
Coproduction : Théâtre National de Strasbourg
Le spectacle s'inscrit dans la saison Jeune Création en partenariat avec Prémisses.
Le Cercle des Partenaires soutient avec ses mécènes la programmation Jeune Création de la salle Christian-Bérard.
Sophie Trommelen, vu le 17 février 2023 à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet
