Justine exulte tout le sentiment d'abandon qui la submerge. Elle affronte alors ce qui la hante, et se confronte à ce qui l'empêche de dormir. Si elle pense souffrir pour sa mère, c'est bien elle qui la nuit pleure.
Justine verbalise et exorcise la douleur de la perte. La perte de son père, la perte de l'enfance, la perte de son statut de fille unique.
Louise Caillé impose sa présence. De sa voix, de son corps et de sa sensibilité, elle emplit tout l'espace scénique. Face à l'assurance et au charisme naturel de Xavier Simonin, Louise Caillé se pare d'une émotion qui lui permet de porter tous les rôles avec justesse. Le duo d'acteurs s'équilibre. L'un se lâche, l'autre cadre.
Louise Caillé capte toute l'importance de faire exister sur le plateau celui qui n'est pas là et qui pourtant prend toute la place. Par un jeu de regard subtil, fait d'évitements et de gène, elle installe la présence de son père. Un véritable dialogue s'instaure avec lui, elle le fait vivre jusqu'à prendre sa place. Les rôles s’inversent, les non-dits se délient.
Louise Caillé maintient du début à la fin ce rythme effréné de la parole qui se libère. Tel un chef d'orchestre, Xavier Simonin marque le tempo d'un claquement de doigt, d'un jeu de chaises musicales. Dans un pas de deux, Louise Caillé et Xavier Simonin, se tournent autour, ouvrent l'espace et s'écoutent.