Mauvaise Petite Fille Blonde de Pierre Notte

 
 
Elle est mauvaise, la mauvaise petite fille blonde.
Elle dit des choses qu'elle ne devrait pas dire. Elle fait des choses qu'elle ne devrait pas faire.
Et paf ! Tu vas voir ce que tu vas voir ! Elle s’en prend beaucoup des paf ! Au visage par sa maman la mauvaise petite fille blonde.
Et puis franchement avoir une nounou qui ne sait pas faire le chocolat, et qui rajoute une cuillère de Banania après avoir versé le lait, après, c’est n’importe quoi.
Et puis ce frère qui fait tellement de bruit quand il respire, c’est agaçant.
 
De toute façon la vie de la mauvaise petite fille blonde est faite d’injustices.
Le point culminant, c’est aujourd’hui, quand elle renverse par mégarde la coupelle de la mendiante. Elle n’a pas fait exprès. Elle n’a pas fait exprès mais pourtant on l’accuse, on la gronde, on la punit. Alors si c'est pour se faire gronder quand on n'a pas fait exprès, autant être méchante exprès… 

Antonio Interlandi entre en scène. Physique sec, brun, tutu rose, il est la mauvaise petite fille blonde. Si l’incarnation interpelle cela ne dure que le temps de la surprise. Antonio Interlandi s’approprie avec une cohérence évidente la férocité de cette petite fille.

La mise en scène joue judicieusement de cette contradiction. Le contraste entre l’image de petite fille et ce physique de danseur italien annonce la discordance entre la violence des propos et l'age et la blondeur angélique de la petite fille qui les prononce.
Le corps d'Antonio Interlandi est sec et tendu comme les paroles tranchantes de la mauvaise petite fille. Son attitude chorégraphiée, au maintien irréprochable, dessine toute la rigueur et la rigidité que la petite fille s’impose. Sans relâche, toujours en tension, le corps Antonio Interlandi est le reflet de ce regard terrible que la mauvaise fille pose sur ceux qui l’entourent.
 
Mauvaise petite fille blonde est sans filtre. L'incompréhension du monde qui l'entoure a faussé son raisonnement et nourrit ses démons qui grossissent, grossissent... jusqu’à l’explosion.
 
Dans une écriture fluide, au ton spontané, Pierre Notte écrit un texte subtil, grinçant, qui laisse habilement place à différentes interprétations. 
Antonio Interlandi porte la pièce avec une grâce à l’état brut. Il délivre une véritable performance où les mots et le corps s’accordent dans une tension et un rythme maintenus sans relâche et jusqu'à leur paroxysme.
 

 



 

 Au Théâtre La Flèche 

Mauvaise Petite Fille Blonde texte et mise en scène de Pierre Notte 
avec Antonio Interlandi 
costume : Alain Blanchot
lumières : Antonio De Carvalhp 

Vu à l’Atypik Théâtre le 8 juillet 2021 à Avignon