Zabou Breitman nous accueille sur la scène du Théâtre du Chêne Noir. Comme une bonne amie, elle nous invite dans son salon et engage la conversation.
Après deux trois ajustements de plateau, elle sort un exemplaire du New Yorker. Le récit peut commencer.
Zabou Breitman mêle l’anecdotique à la grande histoire et nous plonge dans l’univers de Dorothy Parker. Journaliste, écrivaine, scénariste et militante, celle qu’on surnommait the Wit, la futée, est de ces femmes qui ont marqué son époque. Libre, intelligente, elle contribue au mouvement de l’émancipation des femmes de son siècle et sera de tous les combats.
Zabou Breitman dépasse la simple adaptation pour nous plonger dans le
contexte des années folles. L’époque marquée par l’insouciance ne peut
pourtant pas effacer les dégâts engendrés par la prohibition, la
corruption. Une époque confrontée au racisme et la violence.
Zabou Breitman monte et démonte les mécanismes du décor. Elle installe le canapé, arrange les lumières et le son qu’elle module sur les consoles posées à même le plateau.
Véritable chef de son orchestre, elle équilibre et ajuste l’envers du décor.
Scénographe, technicienne, et performeuse, Zabou Breitman joue avec nous de cette mise en abîme. Nous sommes au théâtre et Zabou Breitman en utilise tous les ressorts pour nous emmener dans l’univers de Dorothy Parker et l’Amérique du XXème siècle.
Les cinq nouvelles sont ainsi amenées entre deux tasses de thés, comme par magie, la magie du théâtre. Tout en douceur, on plonge dans l’écriture de Dorothy Parker.
Ces glissements sont autant de délices que les nouvelles choisies sont piquantes à souhait.
Dorothy Parker croque son époque de ce regard lucide. Pleine d’ironie, elle nous plonge dans le microcosme New-yorkais, ses cafés, ses restaurants, ses bars clandestins. Dans les nouvelles de Dorothy, peu importe l’heure du jour ou de la nuit, c’est l’incommunicabilité qu’elle décrit.
Amis, couples ou amants, personne ne se comprend vraiment, les intentions semblent se perdre dans les volutes de fumée et les gorgées de whisky. Les nouvelles nous disent les attentes, les décalages qui animent les conversations où chacun semble être dans sa bulle.
Zabou Breitman navigue entre des extraits d’articles publiés par Dorothy Parker, le contexte historique et l’adaptation des nouvelles de l'artiste dont l’image ne peut se réduire à sa mondanité.
Engagée, elle léguera d’ailleurs ce qui lui restera de fortune à la NAACP, association nationale pour la promotion des gens de couleur et n’aura de cesse de dépeindre les travers d’une société d’une ironie grinçante qui fera sa notoriété.
Zabou Breitman nous emmène loin des écueils de l'adaptation. Drôle, accessible, elle nous parle de Doroty Parker, de littérature, d'engagement et de théâtre !
Dorothy au Théâtre du Chêne Noir pendant toute la durée du Festival d'Avignon.
Conception, écriture et interprétation Zabou Breitman
D’après des nouvelles de Dorothy Parker
Création lumière Stéphanie Daniel
Création son Yoann Blanchard
Costumes Zabou Breitman et Bruno Fatalot
Accessoires Amina Rezig
Assistante à la mise en scène Laura Monfort
Chorégraphie Emma Kate Nelson
Production Cabotine – Compagnie Zabou Breitman, Théâtre de la Porte Saint-Martin
Coproduction Maison de la Culture d’Amiens, Anthéa – Théâtre d’Antibes
Avec le soutien de la Drac Ile de France
Coréalisation Théâtre du Chêne Noir
Vu le 9 juillet au Théâtre du Chêne Noir