La
soirée s'annonce prometteuse, le champagne est au frais, les verres de
bourgogne judicieusement choisis, la table est joliment dressée. Charles
s’apprête à profiter de sa soirée, une de ses soirées dont il semble
avoir l'habitude de passer ... en compagnie de Winston Churchill.
On y croirait presque. Rien ne semble rompre l’atmosphère chic et agréable qui règne dans cet appartement cosy.
Gilles Cohen, hôte charmant, se montre avenant, sûr de lui et prêt à accueillir un vieil ami dont il connait les habitudes, l'emblématique Churchill.
Tout se tient... jusqu'à l'appel téléphonique de M. Rodriguez. Puis l'intervention du voisin fâché, le message de Solange... De façon burlesque, des signes forts nous ramènent à une réalité que Charles semble fuir dans sa combinaison de sirène si chère à Churchill.
Le bunker de Charles, ce sont ses fantasmes, sa vie rêvée, sa façon à lui d'éluder les échecs, de vivre dans un déni assumé.
Dans un parallèle qui nourrit l'imaginaire de notre hôte, la grande histoire de Winston Churchill s’entremêle à la médiocrité moyennement assumée de la vie de Charles.
Les victoires et les échecs du grand homme nourrissent ceux de Charles, touchant, perdu, qui a du mal à accepter sa destinée.
La fuite, l'alcool et ses ruptures sentimentales deviennent les grandes batailles d'un homme qui se bat contre ses 'black dog'.
Hervé Le Tellier écrit un texte d'une lucidité drôle et féroce. Il met à nu un homme qui se cache, se déguise, se ment.
Gilles
Cohen apporte tout le charisme qui sied à l’atmosphère de la soirée.
Il nous entraîne avec sincérité dans ses certitudes qu'il nourrit
d’anecdotes et de citations du grand homme et qui parlent à tous.
L'absurde rejoint l'intime d'un homme que Gilles Cohen incarne avec une énergie attachante et captivante.
Mon dîner avec Winston est le fantasme éveillé de cet homme qui fuit son quotidien en s'inventant des chimères. Charles n'attend pas vraiment Winston, il met en scène la structure solide de sa vie fantasmée, de ses égarements et de sa dépression.
Le spectateur n'a qu'une envie, y
croire, et se laisser entraîner par la douce folie de Gilles
Cohen, épatant.
Mon dîner avec Winston de Hervé Le Tellier
au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 27 septembre 2020.
Mise en scène et interprétation : Gilles Cohen
Collaboration artistique : François Berland
Assistanat à la mise en scène Vidéo : Olivier Roset
Costumes : Cidalia da Costa
Son : Stéphanie Gibert Chorégraphie : Sophie Mayer
Avec les voix de : Pierre Aussedat, Aurélie Delas
production Espace des Arts, Scène nationale / Chalon-Sur-Saône, coproduction Théâtre Montansier / Versailles et Théâtre du Rond-Point, coréalisation Théâtre du Rond-Point
avec le soutien de TransOpera Gestion