Electre des bas-fonds de Simon Abkarian






A la lueur d'une bougie, Kilissa s'installe. La nourrice d'Electre et d'Oreste entame le récit de la tragédie de ces enfants qu'elle a tant choyés.

Si dans les contes, les jeunes filles deviennent princesse, Electre tombe dans les bas-fonds.
Sacrifiée à une vie de misère, la princesse est devenue servante dans un bordel d'Argos.
Vierge vengeresse, Electre se préserve du vice et des plaisirs de la chair en camouflant sa sensibilité sous des apparats de guerrière.

Le lourd destin des Astrides a été sacrifié sur l’hôtel de l'ambition d'une mère implacable. Aveuglée par la douleur, Clytemnestre, magistrale Catherine Shaub Abkarian, venge la mort de sa fille Iphigénie et sacrifie sa descendance au bûcher de la haine.

L'espoir naît dans le retour du frère nourri lui aussi d'une soif intarissable de vengeance.
Aurore Frémont et Assaad Bouad incarnent ces enfants déchus, tenus par ce seul souffle : venger le père mort assassiné des mains de leur mère, venger le roi sans tombeau, Agamemnon, dont l'âme errante réclame son dû.

La loi du Talion s'érige comme une cycle infernal et inéluctable.
Les portes du palais, au fond de la scène, s'ouvrent sur la maison close.
Ce soir c'est la fête des morts, les prostituées, servantes et esclaves rejoignent les morts dans une danse funeste qui annonce le matricide.
Danse et musique s'accordent dans une fête de théâtre où chacun joue son rôle dans la tragédie de Simon Abkarian.
Cruauté et beauté se mêlent au rythme de la basse.
L'orchestre des Howlin'jaws ouvre l'espace de la scène et exulte la beauté de ces femmes dont la dignité subsiste dans l'essence d'une énergie que leur condition n'a jamais anéantie.
Le chœur des femmes bat au rythme des remous de la tragédie et de la malédiction.


Simon Abkarian réécrit une tragédie moderne et féministe.
Le texte antique et la modernité de la mise en scène trouvent leur écho dans le jeu intense des acteurs dont le sel des larmes se fait sentir jusque dans la salle.
Les héros déchus illuminent de leur humanité et de leur profondeur la scène du Théâtre du soleil.




Au Théâtre du Soleil jusqu'au 3 novembre 2019.



ÉLECTRE DES BAS-FONDS
Par la Compagnie des 5 Roues
Texte et mise en scène Simon Abkarian
Pour 14 comédiennes-danseuses et 6 comédiens-danseurs
Musique écrite et jouée par le trio des Howlin’ Jaws
Avec : Maral Abkarian, Chouchane Agoudjian, Anaïs Ancel, Maud Brethenoux, Aurore Frémont, Christina Galstian Agoudjian, Georgia Ives (en alternance), Rafaela Jirkovsky, Nathalie Le Boucher, Nedjma Merahi, Manon Pélissier, Annie Rumani, Catherine Schaub Abkarian, Suzana Thomaz, Frédérique Voruz.
Et avec Simon Abkarian, Assaad Bouab, Laurent Clauwaert, Victor Fradet, Eliot Maurel, Olivier Mansard. Darmaturgie : Pierre Ziadé
Collaboration artistique : Arman Saribekyan
Création lumière : Jean Michel Bauer et Geoffroy Adragna
Création musicale : Howlin’Jaws : Djivan Abkarian, Baptiste Léon, Lucas Humbert
Création collective des costumes sous le regard de Catherine Schaub Abkarian
Création décor : Simon Abkarian et Philippe Jasko
Chorégraphies : La troupe
Répétitrices : Nedjma Merahi, Christina Galstian Agoudjian, Catherine Schaub Abkarian, Nathalie Le Boucher, Annie Rumani
Préparation physique : Nedjma Merahi, Annie Rumani, Maud Brethenoux, Nathalie Le Boucher
Préparation vocale : Rafaela Jirkovsky
Régie plateau : Philippe Jasko
Création sonore et régie son : Ronan Mansard
Chef constructeur : Philippe Jasko, avec l’aide de la troupe.
Le texte est publié chez Actes Sud-Papiers

Vu le 5 octobre 2019 au Théâtre du Soleil