Présent au Festival d'Avignon, à 15h15, Au verbe fou, Théâtre Littéraire.
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/sang-negrier-s25231/
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Khadija El Mahdi met en scène une nouvelle extraite du recueil de Laurent Gaudé, la Nuit Mozambique, récit d’un capitaine de navire négrier.
Son navire fait escale à Saint-Malo afin de rendre à sa famille le corps du commandant, mort en mer.
Au moment de repartir, cinq esclaves africains échappés dans la ville bretonne manquent à l’appel. S’en suit une chasse à l’homme dans les rues de la vielle ville.
Si quatre des esclaves sont rattrapés, un a disparu.
Sang Négrier est le récit de la vengeance de cet esclave en fuite qui hante les rues et les esprits de la ville pendant des années. Il répand un sentiment d’effroi en s’attaquant surtout aux notables de la ville et en hantant leurs nuits telle une âme en perdition.
Terrifié, le Capitaine sombre dans la folie, et apaise ses démons à petits coups d’alcool fort, celui des hommes rudes.
‘Vous me dévisagez. Vous avez peur. J’ai quelque chose de fiévreux dans le teint qui vous inquiète. Je souris. Je tremble. Un homme brûlé, pensez-vous. Je ne lève pas les yeux. Je sursaute souvent, au moindre bruit, au moindre geste. Je suis occupé à lutter contre des choses que vous ne voyez pas. Vous me plaignez, ou vous riez. Mais je n’ai pas toujours été ainsi. Je fus un homme autrefois.’
La mise en scène de Khadija El Mahdi utilise cet univers de bois et de coton pour transformer la scène et habiller le corps de Bruno Bernardin.
Vêtu de tissus qui masquent un corps aussi décharné que son âme, Bruno Bernardin incarne tel un possédé ce négrier obsédé par la vengeance de son esclave.
Comme victime d’un sortilège maléfique, l’homme n’en est plus un et l’esclave devient cet être démoniaque qui cherche une vengeance à la hauteur de ses souffrances endurées.
Ponctuée d’intermèdes musicaux qui plonge la pièce dans une réalité tragique, la mise en scène est tout à son sujet : la dénonciation par le regard du coupable devenu supplicié.
Bruno Bernardin joue cet homme usé, rongé par son mal et le poids de la culpabilité que lui rappelle à chaque instant l’âme errante de cet esclave.
Le spectacle a reçu trois récompenses aux « P’tits Molières 2018 » : « Meilleur seul en scène », « Meilleur comédien » pour Bruno Bernardin et « Meilleure mise en scène » pour Khadija El Mahdi.