Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins, de Matéi Visniec


https://www.avignonleoff.com/programme/2019/comment-j-ai-dresse-un-escargot-sur-tes-seins-s26162/


En septembre 1987, Matéi Visniec, auteur désormais interdit en Roumanie, quitte son pays et arrive en France avec une valise et une quarantaine de textes en Roumain.

Il demande l’asile politique et rédige une thèse sur la résistance culturelle dans les pays de l'Europe de l'Est à l'époque communiste.
On est en 1988 et il commence aussi à écrire ses premières pièces de théâtre en français.
En Roumanie, depuis la chute du communisme, Matéi Visniec est devenu l'auteur dramatique vivant le plus joué. Le Théâtre National de Bucarest a monté ses pièces "La Machine Tchékhov" et "L'histoire du communisme racontée aux malades mentaux".

L’écriture de Visniec est de la poésie à l’état brut et son message passe par l’émotion.

‘Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins ‘ est une histoire de cœur.
Le cœur de l’homme amoureux est personnifié. Il est blessé, d'une blessure tellement béante que l’on peut s’y laver les mains. N'est-ce pas d'ailleurs ce qu’il attend de cette femme ? Qu’elle se lave les mains dans sa blessure. Et puis qu’elle l’habite, qu’elle s’installe en lui, dans son corps. L'amour est une histoire de possession.
La métaphore filée de la personnification du corps nous renvoie à la contradiction du sentiment, entre désir de liberté et enfermement.

La mise en scène très poétique de Serge Barbuscia nous ouvre les portes du texte.
La dame est là, devant nous, personnifiée par ce drapé lumineux et translucide.
Le corps, le cœur, le cerveau, sont là, matérialisés par cette caisse, tournée et retournée.


La musique d'Eric Craviatto rythme les instants de vie de l'homme, un rythme cardiaque et envoûtant .
Est-ce le bonheur que cet enfermement, cette dépendance l’un en l’autre ?
Et si l’autre part que reste-il du cœur, qui part avec ?
Avec Matéi Visniec l’amour est tendre mais il est aussi douleur. il est tout à la fois passion, désir, besoin, plaisir et souffrance.




Mise en scène Serge Barbuscia
Avec Salvatore Caltabiano
Musique originale, Eric Craviatto

Vu le 21 janvier 2019 Au Théâtre de la Contrescarpe