Récit d'une épopée sociale et contemporaine, Grès tentative de sédimentation, décrypte en un monologue intense le processus qui mène un homme à rejoindre la révolte grondante. Cet homme, sa parole, est celle des travailleurs pauvres, de la précarité, qui ne peuvent plus s'accommoder du déni social quand la faim et la frustration tiraillent les ventres autant que la conscience.
En s'attachant à la figure de la précarité incarnée par un vigile de supermarché, en prenant le temps d'explorer le quotidien d'un homme prisonnier d'un système économique qui enferme les plus fragiles, Guillaume Cayet crée le contexte qui mène au déclic, à la lutte.
Accumulations de privations, pressions de la hiérarchie, soumission à un modèle social inégal, l'assujettissement à ses limites face à l'indécence du discours politique. Grès tentative de sédimentation, figure l'effet entonnoir, quand l'un rejoint les autres et que la force du collectif crée la révolte. En toile de fond bien sûr le mouvement des gilets jaunes, celles des comme-nous, contre eux. Pourtant, enfermer le texte à ce mouvement social précisément serait réducteur, Grès tentative de sédimentation, cristallise dans un monologue puissant les luttes contestataires d'hier et d'aujourd'hui, un trop-plein qui continue de déborder.
Récit social, témoignage qui touche à l'historique, Guillaume Cayet se détache de l'écriture journalistique pour atteindre la profondeur du drame social d'un Émile Zola. Romancer pour dire une vérité, poétiser sans embellir la réalité d'un quotidien abrupt et rêche.
Accompagné sur scène par le comédien Valentin Durup, Manumatte porte toute la rage sourde et grondante du monologue de Guillaume Cayet. Le duo capte l'attention dans une volupté électro hypnotique qui rythme les sursauts de conscience à coup de riffs électrisants. Crescendo la tension monte, la colère s'éveille, la machine s'enraille, le pavé est lancé.
Le récit de Guillaume Cayet a la puissance de l'authenticité. Le générique des termes employés humanise d'autant plus le récit qu'il touche à l'universel des visages de la contestation. Ballade aux sonorités urbaines, Grès tentative de sédimentation, loin de nourrir un ressentiment, décortique subtilement ce moment de bascule, quand la révolte intime rejoint la révolte collective.
crédit photo ©Pascal-Aimar
Grès - tentative de sédimentation- de Guillaume Cayet jusqu'au 25 novembre au Théâtre Public de Montreuil
Production : Le désordre des choses
Coproduction : La Comédie de Clermont-Ferrand,scène nationale ; La Ferme du Bonheur, Nanterre ; Théâtre de Privas, scène conventionnée art et territoire ; Théâtre Ouvert – Centre national des dramaturgies contemporaines, Paris ; La 2deuche – Espace culturel de Lempdes, scène régionale Auvergne-Rhône-Alpes Avec le soutien de La région Auvergne-Rhône-Alpes ; La Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle,Villeneuve-lez-Avignon ; Groupe des 20 Auvergne-Rhône-Alpes Guillaume Cayet est artiste associé au Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy-Lorraine.
Le désordre des choses est une compagnie conventionnée par la DRAC Auvergne – Rhône-Alpes. Elle reçoit le soutien de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du département du Puy-de-Dôme.