Soie d'Alessandro Baricco m.e.s William Mesguich

 


Sylvie Dorliat nous entraîne dans un merveilleux voyage entre les lignes du célèbre roman d'Alessandro Baricco, Soie

On était en 1861. Flaubert écrivait Salammbô. L'éclairage électrique n'était encore qu'une hypothèse et Abraham Lincoln, de l'autre côté de l'océan, livrait une guerre dont il ne verrait pas la fin.

Sylvie Dorliat nous immerge dans les aventures d'Hervé Joncour qui se lance dans un long voyage singulier jusqu'au Japon afin d'y chercher des œufs de vers à soie.

Porté par la création sonore de David Van Tongerloo, depuis Lavilledieu, dans le midi de la France, aux confins du monde, Sylvie Dorliat nous entraîne dans le périple du jeune homme. En train, à pied, en bateau, traversant les steppes de la Russie, empruntant les navires de contrebandiers hollandais, nous arrivons jusqu'à ces terres inconnues, encore hostiles à l'étranger. Le temps alors se suspend.
Transcendé par le désir irrésistible que fait naître en lui la maitresse de son hôte Haka Kai, Hervé Joncour entreprendra quatre voyages au Japon. Le commerce devient alors un prétexte pour retrouver celle qui de son mystère et de sa sensualité lui fait découvrir l'immensité du désir amoureux.
 

De sa voix posée, captivante, Sylvie Dorliat nous fait chavirer dans ce monde des sens où le quotidien se berce de rituels immuables et où l'odeur du thé se fond dans la délicatesse des robes de soie.

Véritable conteuse, Sylvie Dorliat déroule le fil délicat d'une histoire d'amour impossible.
La mise en scène de William Mesguich, dans un jeu de lumière subtil, éclaire comme une balade onirique la vie de cet homme qui se trouvera à jamais bouleversée.
 

L'adaptation, remarquable, condense toute l'intensité du roman avec une fluidité enivrante. Elle dessine le portrait d'un homme qui vivra sa vie entre fantasme et nostalgie, porté par l'amour protecteur et inconditionnel de sa femme Hélène.

Sylvie Dorliat fait vaciller le temps, rend palpable la délicatesse d'un tissu et dessine tout en poésie le portrait de personnages à la pudeur bouleversante.
Tout en narration, elle exulte la profondeur des regards, des non-dits, du sentiment troublant et du souvenir hypnotique.

Un conte sensuel teinté d'une douce mélancolie envoûtante.

 


Soie de Alessandro Baricco, mis en scène de William Mesguich  du 7 au 29 juillet à 10 heures au Théâtre des Corps Saints dans le cadre du Festival off d'Avignon.

 
Adaptation et interprétation : Sylvie Dorliat. 
Création lumière : William Mesguich 
Création sonore : David Van Tongerloo
Création visuelle : Karine Zibaut 
Affiche : Hama
Production : Compagnie les souliers à bascule
Co-réalisation : Théâtre Lucernaire
 
Sophie Trommelen, vu le 7 août 2022 au Lucernaire