Christian Benedetti présente, au Théâtre-Studio d'Alfortville, 137 évanouissements, une intégrale Tchekhov présentant 6 grandes pièces, Sans Père, Ivanov, Les Trois Sœurs, La Cerisaie, Oncle Vania et la Mouette ainsi que 9 pièces en un acte.
Christian Benedetti a compté 137 évanouissements dans ces œuvres de Tchekhov, des évanouissements au sens propre comme au sens figuré. Ces évanouissements, ou évaporations, sont autant de moments d'extinctions physiques que de temps suspendus qui marquent l'intensité du vivant.
Revenant sur les traces de sa mise en scène de la Mouette montée à 20 ans, l’élève d'Antoine Vitez, riche de son expérience et de sa carrière, concentre en un marathon énergisant et réjouissant l'essentiel de l’œuvre du dramaturge russe.
Dans une verve vertigineuse les acteurs font fuser les dialogues en se concentrant sur l'essentiel de l'action. Les pauses, marquées dans le texte et sur le plateau, contrebalancent la vitesse de l’exécution. Elles sont alors plus qu'un temps de respiration, elles deviennent le temps de la pensée, un temps où tout ce qui a été dit se médite, se digère pour mieux replonger dans le nœud de l'action.
L'approche se fait comme une partition musicale, marquée d'un tempo qui sert toujours le sens du texte. Christian Benedetti monte la structure de la pièce et laisse libre le spectateur d'en mûrir la dramaturgie et d'interpréter les comportements de ces personnages aux prises avec les tourments de leurs esprits et de leur époque.
La scénographie épurée, se fond dans la cohérence de l'intégrale. On retrouve alors les mêmes meubles, les mêmes objets que les acteurs déplacent selon les actes, selon les pièces. L'important n'est pas dans le décorum. Les murs nus et les poutres apparentes du théâtre d'Alfortville suffisent à nous installer dans le fond des choses. Le sens se joue sur le plateau.
Les acteurs, toujours en mouvement, enchaînent les représentations avec un esprit de troupe grisant. Ils incarnent les différents personnages de Tchekhov, jamais les mêmes et pourtant toujours un peu semblables dans ce qu'ils ont d'humain, de faillible et de complexe.
Christian Benedetti fait surgir toute la cohérence de l’œuvre de Tchekhov. L'intégrale fait sens et dessine une dramaturgie du quotidien qui suit le fil d'une pensée construite et édifie l'intention dans sa globalité. Chacune des pièces s'éclaire à la lumière de la précédente.
Christian Benedetti s'entoure d'une distribution toute entière à ces personnages enfermés dans un présent étouffant et perdus entre un passé pesant et un futur incertain.
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