Quatre frères : Pascal, Adama, Frédéric et Guillaume habitent une cabane perdue dans la forêt.
Bûcherons ou menuisiers, ils travaillent le bois, dépendants de cet environnement qui les entourent.
Et puis il y a aussi Marie, leur servante, belle, froide et résignée.
Les quatre frères vivent une vie recluse, rythmée par le travail et les repas de la journée.
Leur vie de labeur est faite de rituels que ponctue jusqu'à l'heure du coucher la servitude de Marie.
Marie, Blanche neige asservie, entourée de ses quatre nains qui sifflent en travaillant, subit l'oppression et les tentatives de possession de ses maîtres, brutes à l'animalité dévorante.
Quand la nuit arrive c'est alors tout un monde de fantasmes qui réveille les idées lubriques des hommes de la cabane. Enfermée à clef dans sa chambre, Marie se protège et préserve ce qui lui reste de liberté.
Leurs pensées abjectes et poisseuses prennent formes dans des rêves obsessionnels inquiétants. La nuit devient le théâtre du désir de ces frères qui rêvent de prendre la femme comme on prend le bois.
Leurs outils de travail deviennent l'extension de la violence de leur sexe. Érigeants des totems qui leur permettent d'assouvir leurs fantasmes, ils brament et mugissent telles des bêtes dénuées de toute humanité.
Mais Marie va prendre sa revanche.
La communication passe par le corps. Ces hommes qui n'ont pas l'éducation qui permet de mettre des mots aux choses s'expriment par des pulsions sauvages. Le réel se construit dans une nature dénuée de culture. L’oppression dépasse ici l'entendement.
Pascal Rambert invite alors le fantastique dans une fiction intemporelle qui dans son dénouement nous ramène au Thyeste de Séneque . Bruno Bettelheim aurait beaucoup à écrire. Le conte de fée de Pascal Rambert a trouvé sa princesse qui se délivre seule de sa condition.
Pascal Rambert écrit une fable cruelle sur la violence du désir masculin. Arthur Nauzyciel met en scène ce conte fantasmagorique et convie le tragique dans un univers onirique qui se transforme en cauchemar. L'effroi se mêle au rire dans une performance théâtrale aboutie et jouissive.
Mes Frères de Pascal Rambert à La Colline – théâtre national jusqu'au 21 octobre 2020.
texte de Pascal Rambert
mise en scène : Arthur Nauzyciel
Avec : Adama Diop, Marie-Sophie Ferdane, Pascal Greggory, Frédéric Pierrot et Arthur Nauzyciel en alternance avec Guillaume Costanza
assistanat à la mise en scène : Raphaël Haberberg
stagiaire à la mise en scène : Théo Heugebaert
scénographie : Riccardo Hernández
lumières : Scott Zielinskison Xavier Jacquot
costumes, coiffure et maquillage : José Lévy
chorégraphie : Damien Jalet
musique : chanson des frères Rouge Gorge (Robin Poligné)
photographie : Philippe Chancel
assistante décor : Claire Deliso
assistante costumes : Marion Régnier
habillage : Sarah Bruchet
réalisation coiffure et maquillage : Maurine Baldassari
création et moulage épaule d’ivoire : Nicolas Brosseau fauconnier Alexandre Thévenin
coachs lutte : Yann Pansard, Julien Fouché
conseil en cascade : Samuel Kefi-Abrikh
régie générale : Tugdual Tremel
régie son : Florent Dalmas
régie lumière : Christophe Delarue
régie plateau et effets spéciaux : Yann Kerrien
technicien HF : Vassili Bertrand
construction décor : Ateliers de La Colline – théâtre national
fabrication des arbres et du portrait de l’aïeul : Alain Burkarth
production :Théâtre National de Bretagne, Rennes
coproduction La Colline – théâtre national
remerciements au CENTQUATRE-PARIS et à l’Odéon – théâtre de l’Europe.édition
Le texte de la pièce Mes frères de Pascal Rambert est paru aux Solitaires Intempestifs en mars 2020