Mlle Julie #meurtre d’âme de Moni Grégo d'après August Strindberg





Moni Grégo propose une variation intense du texte d'August Stindberg, Mademoiselle Julie. Dès le début, Mlle Julie #meurtre d'âme interroge la fin tragique de cette impossible nuit.

Julie n'est plus cette petite fille fragile et est devenue une femme sensuelle à la passion dévorante. En cette nuit de la Saint-Jean, Julie est emportée par le tourbillon de la fête. Les célébrations du solstice d'été lui tournent la tête et elle jette son dévolu sur Jean, le domestique de la demeure bourgeoise.
Fragilisée par une rupture amoureuse encore fraiche, Julie, détraquée, perdue, rêve d'un ailleurs et, sur l'instant, de se perdre dans les bras de celui qui l'a vu grandir.

Dans un orgueil démesuré, Jean et Julie font l'amour comme ils se font la guerre.
L'adaptation de Moni Grégo va au delà de l’interprétation des différences de classe qui séparent les deux amants.
C'est le tumulte et la passion que Roxane Borgna met en scène.

Le dispositif scénique, intrusif, va au plus près des corps. Les acteurs sont éclairés à la lumière d'une caméra portable. Les images, filmées en direct par Laurent Rojol et projetées sur de grands panneaux blanc se mêlent aux photographies de Marie Rameau et aux variations en ombres chinoises.
Visages et paysages se fondent en une harmonie troublante, portée par l'univers sonore d'Eric Guennou.

Le temps de la confession, pendant lequel chacun des deux protagonistes se racontent, se mêle à l'instant de l'intense passion.
Allongés sur un lit de pétales, les amants se dévoilent, se cherchent et se retrouvent.
Roxane Borgna incarne une Mlle Julie inquiétante et angoissante. Aussi belle qu'instable, elle ressemble à ces colombes projetées sur les panneaux de la scène et qui se débattent dans leur cage.

Jean a pris Julie comme il a cueilli un fruit dans l'arbre de son jardin. Un instant, il se projette dans un avenir, s'enfuir avec Mlle Julie et s'acheter un quartier de noblesse, dans un pays où l'on en vend encore. Mais rapidement il revient à la raison et se conditionne dans l'impossible libération de sa condition. Jacques Descorde interprète une vision de Jean dont la sensibilité sans cesse déséquilibre la froideur et la dureté.
Le rouge sang qui contraste avec le noir et blanc de la scénographie nous ramène sans cesse à l'issue de cette nuit où les 'moi' s'expriment et débordent.

Moni Grégo et Roxane Borgna exultent toute l'instabilité de Mademoiselle Julie, ses contradictions, son désespoir et le poids de sa filiation.
Mlle Julie #meurtre d'âme est une pièce intense, sensuelle et passionnelle.

L’adaptation du texte de Strindberg devient une sulfureuse histoire d'amour rendue impossible par la fureur et le désarroi de ces amants en quête d'un ailleurs libérateur qu'ils ne trouvent pas.




Jusuq'au 6 mars au Théâtre de la Girandole à Montreuil
Mlle Julie #meurtre d’âmeDe Moni Grégo
D’après Mademoiselle Julie August Strindberg
Mise en scène :Roxane Borgna
Avec Jacques Descorde, Roxanne Borgna, Laurent Rojol
Univers sonore : Eric Guennou
Mise en corps : Mitia Fédotenko
Photographies : Marie Rameau
Vidéo : Laurent Rojol

Vu le jeudi 20 février 2020, au Théâtre de la Girandole à Montreuil