Una costilla sobre la mesa : Padre de Angélica Liddell


Après The Scarlet Letter présentée en 2019, Angélica Liddell retrouve la scène de La Colline pour son diptyque Une costilla sobre la mesa.
L'artiste madrilène aborde un thème plus intime et autobiographique en mettant en scène la douleur de la perte.
Una costilla sobre la mesa : Padre, présentation de Sacher-Masoch Le Froid et le cruel ou la question de la ressemblance est un hommage au père disparu.
On ne meurt pas de solitude, mais comment en finir avec la vie d'un père ?
Comment vivre avec l’extinction et le vide ?

Angélica Liddell s'abandonne toute entière dans sa performance, véritable ode à la perte qu'elle exulte dans un lyrisme visuel et sonore.
Le jeu scénique, expérimental et sans concession, convoque une émotion sans cesse palpable.

Dans la chambre d’hôpital, antichambre de la mort, les rôles s'inversent, la fille devient celle qui interroge et bouscule le père. La perte des souvenirs et la perte d'autonomie se confondent dans une même humiliation. La fille et le père entame une danse macabre, se tournent autour et se retrouvent au stade premier.
Subversive, Angélica Liddell sacralise l'origine du monde.
Le père sous le linceul devient enfant, les pommes roulent à terre.
Le péché originel plane sur la scène comme inexorable.

Convoquant Deleuze et Hegel, Angélica Liddell nous donne une leçon d’esthétisme.
La philosophie des beaux arts dicte son dogme qui considère le beau en art supérieur à la beauté de la nature.
Sur le plateau, beauté physique et artistique se confondent dans les corps charnus de ces femmes corpulentes qui posent telles des saintes dans des tableaux sacrés. La beauté n'est pas naturellement évidente mais devient grâce dans les mouvements et les poses artistiques.

Philosophie, religion et masochisme sont interrogés par Angélica Liddell.
De son corps frêle à la voix si puissante elle invoque l'escroquerie de l’existence qui commence par un rejet et une expulsion.
Il faut aimer celui qui nous blesse car c'est lui qui a besoin d'amour.
Olivier Laxe majestueux dans sa furie donne la réplique et impose sa présence solennelle.

Una Costilla sobre la mesa : Padre est le cri d'une douleur.
A cette solitude béante Angélica Liddell offre toute sa démesure.
La souffrance envahit le plateau dans une performance audacieuse et provocante.






Du 10 janvier au 7 février 2020 au Grand Théâtre du Théâtre de La Colline
texte, mise en scène, scénographie, costumes et jeu : Angélica Liddell
avec : Beatriz Álvarez, Laura Jabois, Raquel Fernández, Oliver Laxe, Angélica Liddell, Blanca Martínez et Camilo Silva
et la participation de : Katia Blevin, Isaure de Galbert, Elzbieta Koslacz et Aubin Grandjean en alternance avec Siméon Presse
assistanat à la mise en scène : Borja López
lumières : Simone Fini
régisseurs plateau : Nicolas Guy Michel Chevallier
production et diffusion : Gumersindo Puche
logistique : Saité Ye
communication Génica Montalbano


Vu le 10 janvier 2010 à La Colline Théâtre National