Je suis Fassbinder, de Falk Richter




Fassbinder et sa mère, alias Stanislas Nordey et Laurent Sauvage discutent dans la cuisine et engagent une vive conversation sur le thème de l'insécurité ambiante. Ils enchaînent cigarettes et verres d'alcool.
La mère de Fassbinder exulte les inquiétudes actuelles qui signent la montée des nationalismes et trouve en l'image de 'l'homme fort' la solution. 'Un homme 'autoritaire, très bon, gentil et juste'

Le ton est donné.
La pièce démarre au quart de tour. Elle s'appuie sur une scène du court métrage de Fassbinder, L’Allemagne en automne et sur les événements de Cologne, la nuit du réveillon 2015, nuit pendant laquelle des femmes ont été agressées par des immigrés. 

Dans une mise en scène percutante et très cinématographiée, Stanislas Nordey et Falk Richter appuient là où ça fait mal.

Judith Henry entame l'hymne à la liberté 'Je suis Charlie' et, dans une longue tirade, reprise par la troupe nous glace le sang.
'Je suis des milliers de réfugiés qui se noient dans la mer méditerranée.
Je suis l'odeur des camps de réfugiés qui brulent à Dresde.
Je suis ce qui reste de la communauté juive.
Je suis déchirée entre différentes direction.
Je suis déchirée et tordue.
Je vends des armes à mes anciennes colonies.'

Stanislas Nordey et Falk Richter n'ont pas peur d’aborder les sujets qui clivent et qui dérangent.
Chaque scène offre une confrontation de point de vue qui ouvre le débat.
Entre dialogues, tirades et monologues angoissés, la scène devient ce lieu de démesure sans pourtant jamais perdre de son réalisme.
Un théâtre courageux et engagé qui bouscule le spectateur sans rien sacrifier à la mise en scène.
Un moment fort de théâtre qui fait du bien.





Mise en scène : Stanislas Nordey  et Falk Richter.
Avec : Judith Henry, Dea Liane, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage, Vinicius Timmerman;  
 
Au Théâtre du Rond Point,
 Vu le 6 avril 2019