Le bois dont je suis fait, de Julien Cigana et Nicolas Devort

De et par Julien Cigana et Nicolas Devort
Mise en scène Clotilde Daniault
Lumières Philippe Sourdive
Production et diffusion Sylvain Berdjane

Au Théâtre de Belleville 




Habillés de noir, Julien Cigana et Nicolas Devort évoluent sur scène dans un pas de deux chorégraphié avec justesse.

Mireille et Jackie, les parents, Tristan et Stanislas, les enfants devenus adultes, Roxanne et Juliette les conjointes, le papi Ernest et Pierrot le petit-fils, vont tous entrer dans cette danse saccadée, un concerto où s'accorder n'est pas une mince affaire.

Mireille maintenant âgée, est malade, et convie pour Pâques, sa famille autour d'elle.
Tristan, 32 ans, après deux ans d'absence, accepte de se joindre au repas familial. 
On comprend vite pourquoi il était si distant.
Le dialogue avec son père n'est qu'un rabaissement permanent.
Comment se construire sans compréhension, sans aucune écoute.
Tristan a choisi la fuite . 

En une fraction de seconde les personnages se dessinent devant nous. 
On pense alors au jeu de Nicolas Devort dans ' La peau de Cyrano', pièce dans laquelle il enchaîne les personnages sans que jamais ils ne perdent leur cohérence. 

Ce repas, c'est un peu l’histoire de chacun.
Comment trouver sa place, comment se construire en étant soi même. 
Où trouver l’estime de soi quand toujours on a été le vilain petit canard ?


Clotilde Daniault met en scène avec finesse cette jonglerie théâtrale et s'appuie sur la sensibilité de
Julien Cigana et Nicolas Devort.
L'angoisse de la paternité surgit sur scène personnifiée, un moment inventif, émouvant et si pertinent, pendant lequel le subconscient se transforme en poésie, slam et chanson.
Un bel instant aussi; l'amour mis en scène sur une musique douce, qui offre des moments scéniques jubilatoires.

Et puis en douceur, fugace, le texte introduit des thèmes essentiels.
Tristan, s'il n'est pas promoteur immobilier, tel que l'aurait souhaité son père, est un artiste engagé et photographie ces 'continents de déchets ' qui polluent nos océans.
Juliette s’épanouit dans l'animation de jeunesse car peu importe son rapport à la maternité, l'important est qu'on a tous été enfant, et cette âme, il ne faut jamais l'oublier.
 
Ce duo démultiplié ouvre les portes de situations dans lesquelles chacun d'entre nous trouvera un refuge, un pourquoi, un comment dans ces situations familiales,  peut être au fond bienveillantes mais si maladroites et parfois destructrices.