Apocalypse Bébé, de Virginie Despentes


Mise en scène et adaptation de Selma Alaoui.
Avec Maude Fillon, Ingrid Heiderscheidt, Nathalie Mellinger, Achille Ridolfi, Eline Schumacher, Aymeric Trionfo, Mélanie Zucconi.

Au Théâtre de la Villette,

jusqu'au 28 mars 2019.

Valentine, ado rebelle et paumée a disparu.
Lucie, qui était pourtant payée par la grand-mère pour la surveiller, a perdu sa trace sur un quai de métro. Une seule solution pour Lucie qui ne veut pas perdre la face et retrouver Valentine: engager la Hyène, détective privée à la réputation sulfureuse, mais aux méthodes efficaces.

Retrouver le roman de Virginie Despentes sur scène, est un vrai plaisir ; son écriture punk, contemporaine, et survoltée fait toujours du bien par où elle passe.
Selma Alaoui nous le rend bien en mettant en scène ce road-trip qui nous emporte dans une spirale infernale.
De la musique électro, les boites de nuit trash de Barcelone ; on y est.

Le spectateur est entrainé dans ce polar au discours qui bouscule la morale ancrée.
Le ton de Virginie est là, vif et subversif.
Elle se moque de tout. Ingrid Heiderscheidt joue une Hyène bien dans son cuir, et se fait l’écho de ce discours pro lesbien, anti-sociétal et si atypique.
Le décor se transforme au rythme des aventures de la Hyène et de Lucie dans un rythme effréné.

Maude Fillon, Lucie dans la pièce, incarne à merveille l'ingénue qui s'ouvre à l'autre et dépasse ses a priori, elle  s’épanouit et découvre la liberté d'autres possibles, chers à l'univers de Virginie Despentes.

Eline Schumacher joue cette adolescente hypersensible, hypersexuée, et fait face à Aymeric Trionfo, ami, cousin, qui se prend d'affection pour cette boule de nerf et d'émotion.

Achille Ridolfi excelle dans ces rôles borderlines. Qu'il incarne un patron qui se cherche une contenance, un écrivain en manque de notoriété ou une lesbienne perchée en boite de nuit, il touche juste à chaque interprétation.
Mélanie Zucconi, et Nathalie Mellinger complètent se tableau de femmes qui s'assument.

Selma  Alaoui met en scène ces mondes souterrains qui montent à la surface. Le théâtre se fait spectacle sans jamais perdre de vue la parole engagée de Virginie Despentes.
Elle bouscule l'échelle des valeurs de la société, et rejette cette normalité imposée, qui exclue plutôt qu'elle n'intègre.
Tout le monde a le droit à sa place et à sa différence.