Simon Astier adapte pour la scène le roman de Fabcaro, Le Discours.
Avec son humour aguerri à la comédie et un sens du rythme évident, le comédien cerne tout le
potentiel comique du personnage et nous plonge dans les obsessions
névrotiques d'Adrien.
Tout part de la simple phrase de son beau-frère, lancée
lors du traditionnel dîner familial dominical :
'Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie'.
Un
discours, pour le mariage de sa sœur. Adrien se figure alors la prise de
parole qu'il ne peut qu'envisager catastrophique, une charge mentale un
peu lourde à porter quand on sait que son ex vient de lui demander de
faire une pause.
Une pause qu'il tente de raviver à la flamme d'un texto. Çela fait beaucoup pour une soirée familiale.
Seul
en scène, Simon Astier déroule le fil narratif du roman en incarnant
toutes les images mentales et les réflexions intérieures qui animent
Adrien.
Joyeux portrait de famille anxiogène,
douloureux souvenirs adolescents et vie sentimentale chaotique s'entremêlent pour dessiner un portrait touchant de ce quarantenaire
angoissé.
Toujours à l'écart,
un peu à côté ou complétement en dehors, la scénographie pose Simon
Astier à la juste distance de ce qui se passe autour de lui.
La
table du dîner vide laisse entrevoir la présence des convives, ses
parents, sa sœur et son beau frère, ou les invités du mariage lorsqu'il
se figure énonçant un improbable discours qu'il rejoue sans cesse. La
mise en scène nous pose un cran au-dessus de ce qui joue dans la
réalité, dans ces pérégrinations mentales à la pertinence savoureuse.
Subtilement, Simon Astier
fustige avec humour l'injonction à la réussite et, avec une distance
autant ironique que sensible, donne la voix à ceux qui n'y sont pas, aux
maladroits compulsifs.
Touchant
portrait d'un homme en proie aux doutes, toujours en léger décalage
avec le monde qui le dépasse, l'adaptation donne forme à la cocasserie
des situations qui font le nœud du roman de Fabcaro.
photo : ©EmilieBrouchon
Le Discours de Fabrice Caro, adapté par Simon Astier, au Théâtre de la Renaissance jusqu'au 18 décembre 2023
Texte de Fabrice Caro dit FabCaro
En accord avec les éditions Gallimard
Adapté et interprété par : Simon Astier
Mise en scène : Catherine Schaub
Scénographie et costumes : Delphine Brouard
Création Lumières : Thierry Morin
Conception sonore : Aldo Gilbert
Production : Robin Production, Ardent, Coyote live et le Théâtre Michel
Sophie Trommelen vu le 12 novembre 2023 au Théâtre de la Renaissance