House d'Amos Gitaï

 

Amos Gitaï met en scène sa trilogie documentaire commencée en 1980 par le premier opus House. La série qui s'étale sur une période de 25 ans, des années 1980 à 2005, centre son propos autour d'une maison située à Jérusalem Ouest et qui va connaitre plusieurs occupants, Palestiniens puis Israéliens. selon les périodes de l'histoire.
A travers elle, Amos Gitaï déploie la chronologie de la création de l’État d’Israël depuis l'arrivée des premiers colons juifs en 1948 jusqu'à nos jours. De ce travail filmique précieux, véritable archive documentaire, Amos Gitaï crée un spectacle vivant dont la dramaturgie s’appuie sur une matière réelle. 
 

Sur le plateau, les échafaudages figurent la maison construite, déconstruite puis reconstruite selon les vagues successives et les réquisitions qui racontent l'histoire de la Palestine et d’Israël.

La pièce est rythmée par le bruit des marteaux des tailleurs de pierre qui travaillent à la reconstruction de la maison. Les images du film projetées de la carrière éclairent alors la dureté de leur labeur et appuient la représentation de cette réalité violente. 

Irène Jacob, Micha Lescot, Bahira Ablassi, Pini Mittelman, Menashe Noy Minas Qarawany, Atallah Tannous et Bahira Ablassi incarnent tour à tour la voix de juifs et de palestiniens, tous porteurs de leur vérité qui éclaire la complexité de la situation. Les témoignages des occupants palestiniens expropriés, et ceux des juifs qui se sont installés plein d'espoir, se succèdent et lient les différentes temporalités figurant ainsi l'histoire douloureuse d'un pays déchiré.
Les dialogues s’enchainent et se superposent, comme autant de monologues disjoints, confessions tangibles d'une réconciliation impossible.
 
La maison catalyse toutes les tensions. Amos Gitaï en fait le symbole du conflit israélo-palestinien qui semble inextricable.
La représentation en français, anglais, arabe et hébreu légitimise de sa pluralité une mémoire collective, vivante, au combien réelle et d'une actualité vibrante.
Les deux musiciens Alexey Kochetkov et Kioomars Musayyebi et Dima Bawab, Benedict Flinn, Laurence Pouderoux et Richard Wilberforce, en un moment choral, ponctuent les scènes de leurs chants en un souffle apaisant qu'on aimerait croire réconciliateur.
 
En collectant la parole, Amos Gitaï continue son travail engagé, architecte d'une mémoire qu'il met en scène, fixant à jamais la complexité de l'Histoire.
House entremêle l'intention artistique et citoyenne dans une fresque chorale et politique majeure.

 

 


 

House d'Amos Gitaï jusqu'au 13 avril à La Colline, Théâtre National

Avec : Bahira Ablassi, Dima Bawab, Benedict Flinn, Irène Jacob, Alexey Kochetkov, Micha Lescot, Pini Mittelman, Kioomars Musayyebi, Menashe Noy, Laurence Pouderoux, Minas Qarawany, Atallah Tannous, Richard Wilberforce

Assistanat à la mise en scène : Talia de Vries et Anat Golan
Adaptation texte : Marie-José Sanselme et Rivka Gitaï
Scénographie : Amos Gitaï assisté de Philippine Ordinaire
Costumes : Marie La Rocca assistée d’Isabelle Flosi
Lumières : Jean Kalman
Son : Éric Neveux 
Chef de cœur Richard : Wilberforce
Collaboration vidéo : Laurent Truchot
Maquillage et coiffures : Cécile Kretschmar 
Préparation et régie surtitres : Katharina Bader
Construction du décor atelier de La Colline – théâtre national 
Production : La Colline – théâtre national
 
Sophie Trommelen, vu le 15 mars 2023 à la Colline, Théâtre National