Je m'appelle Bashir Lazhar m.e.s de Thomas Coste

 


Malgré son statut de demandeur d'asile qui lui est refusé, Bashir Lazhar ne baisse pas les bras. Récemment arrivé en France, il trouve un poste d’instituteur remplaçant. Ce matin, c'est le regard de ses élèves de CM2 qu'il va devoir affronter. Engoncé dans son costume étriqué, il est prêt, peu sûr de lui, mais sûr de ce qu'il veut faire. Avancer.
Il découvre une classe en état de choc. La détresse de Bashir et celle des élèves se font alors écho.
 

Seul en scène, Thomas Drelon porte avec une sensibilité prégnante toute la spontanéité du texte qui subtilement déroule peu à peu les zones d'ombre des drames qui se sont joués ici, dans l'école, et ailleurs, dans le pays d'origine de Lazhar.

La force de la mise en scène de Thomas Coste se déploie dans la vitalité des scènes de classe, véritables bouffées d'air qui préservent le ton résolument naïf de la représentation. Jouant sur les ruptures de rythme, Thomas Coste convoque tous les états émotionnels qui submergent Bashir Lazhar et que seule la présence de ses élèves semblent réconforter.

Les lumières de Patrick Touzard qui encerclent Thomas Drelon s’illuminent au fil des rencontres. Les flashs aveuglants d'une administration déshumanisée représentent tour à tour la directrice de l'école, les gendarmes, l'agent du guichet de demandes d'asile. Elles éblouissent sans jamais chercher à éclairer le vécu de Bashar, le pourquoi de ce regard perdu dans les profondeurs.

Bashir Lazahr fait partie de ces réfugiés qui ont fui leur pays. Devenu un étranger parmi tant d'autres, dont le motif d'un départ douloureux est trop souvent invisibilisé, il se retrouve confronté à ses démons. Je m'appelle Bashir Lazhar nous parle de courage, ce courage que certains événements de la vie nécessitent et que l'autrice dissocie subtilement de l'audace.
Ce courage Bashir Lazhar le porte en lui, malgré lui.
 

Thomas Drelon donne vie à un véritable univers qui gravite autour de lui. ll incarne tout autant la solitude d'un homme que personne ne cherche véritablement à comprendre, à écouter, à accueillir, comme la parole des enfants que personne ne semble vraiment écouter.

Avec poésie et sensibilité, Je m'appelle Bashir Lazhar confronte l'indifférence des adultes à la sensibilité des enfants.
Un moment plein d'humanité, une ode à l'insouciance et à la générosité.

 


 

Je m'appelle Bashir Lazhar jusqu'au 9 avril au Lucernaire  

un texte de : Evelyne de la Chenelière
mise en scène par : Thomas Coste
Interprété par : Thomas Drelon
Lumière : Patrick Touzard

Production : Théâtre des Béliers Diffusion :
Pony Production - Sylvain Berdjane
 
Sophie Trommelen, vu le 22 février 2023 au Lucernaire