Pascal Rambert se réapproprie la scène de l'Annonciation faite par l'Ange Gabriel à la Vierge Marie de sa maternité et donne vie à ce thème inspirant et chéri de la Renaissance. En un triptyque prophétique, Silvia Costa, l'italienne, Itsaso Arana, l’espagnole, et la française Audrey Bonnet rejouent la scène de l'Annonciation.
3 femmes, 3 annonciations.
Immergé dans une obscurité vertigineuse, le spectateur est face à la seule parole qui se déploie, majestueuse et envoûtante.
De la pénombre se détachent des formes, des images, et se distingue alors la silhouette d'une femme, tour à tour Ange, Madone et plus surprenante, Astronaute.
De sa voute chaude et féconde, ventre maternel de l'humanité, L'Ange de la première annonciation, portée par Silvia Costa, ouvre la représentation. Entre théâtralité et performance esthétique, le flot de paroles berce notre écoute. Le regard se perd dans la pénombre et se laisse emporter par la beauté du rouge sang du tableau, l'oreille s'accroche à la poésie de cette litanie intemporelle.
De sa verticalité menaçante, Itsaso Arana incarne une icône plus combative. Annonciatrice de combats nouveaux, décidée à sortir la femme de son image contemplative, elle porte la sororité comme un bouclier. Elle annonce un mouvement inexorable et libérateur de la femme qui investit la place publique et impose sa présence.
Comme punis de n'avoir pas été plus attentifs aux premières prophéties des Oracles, les hommes sont alors frappés par la malédiction. La troisième Annonciation se fait plus sombre.
Si les premiers tableaux renvoient à des références familières de l'iconographie religieuse, le troisième tableau rompt avec un esthétisme classique pour nous plonger abruptement dans une dystopie apocalyptique.
Audrey Bonnet en mère résignée et désespérée, astronaute d'un No Future, est l'Oracle de la catastrophe annoncée. Le langage va alors à l'essentiel, plus descriptif, et prophétise la fin du monde.
Des temps horribles s’abattent sur la terre. Le danger est partout. La menace écologique et politique est bien réelle, l'homme a détruit sa planète, et la possibilité d'un vivre ensemble a explosé.
Chacune des comédiennes, dans leur langue natale, se fait l'incarnation de l'humanité.
Dans un mouvement inexorable, à la fois femme féconde, insoumise ou inquiète, elles disent nos maux et portent une parole fiévreuse et incandescente.
Le monologue, propre à l'écriture de Pascal Rambert, s'habille ici d'une dimension sacrée.
Voyage esthétique et poétique, 3 annonciations porte un langage mystique, à l'image de sa mise en scène, à la fois sombre et lumineuse.
3 annonciations de Pascal Rambert jusqu'au 4 février 2023 à Chaillot - Théâtre National de la Danse
Texte et mise en scène Pascal Rambert
Audrey Bonnet (France), Silvia Costa (Italie), Itsaso Arana (Espagne)
Espace : Pascal Rambert et Yves Godin
Lumière : Yves Godin
Costumes : Anaïs Romand
Musique Alexandre Meyer
Collaboratrice artistique : Pauline Roussille
Traduction espagnole : Coto Adánez Del Hoyo
Traduction italienne : Chiara Elefante
Surtitrage : Alessandra Calabi
Régie générale : Alessandra Calabi
Régie lumière : Thierry Morin
Régie son : Chloé Levoy
Régie vidéo : Charles Lefebvre
Régie plateau : Antoine Giraud
Habilleuses : Marion Régnier et Marine Baney
Direction de production : Pauline Roussille
Administration de production : Juliette Malot
Coordination, Logistique : Sabine Aznar
Production déléguée structure production
Coproduction TNB - Théâtre National de Bretagne, Scène nationale du Sud-Aquitain, Théâtre des Bouffes du Nord
Création le 29 septembre 2020, au TNB, Théâtre national de Bretagne, à Rennes.
Le texte 3 Annonciations est publié aux éditions Les Solitaires intempestifs.
Sophie Trommelen, vu le 1 février 2023, à Chaillot, Théâtre National de la Danse