Le Raoul Collectif nous invite ce soir à une cérémonie qui célèbre avec fureur et enthousiasme le plaisir d'être ensemble.
L'ambition du Raoul Collectif a cette élégance de ne pas essayer de briller, de ne pas savoir, de n'apporter aucune réponse toute faite.
Le plaisir est là, de faire corps, de s'amuser, de chanter, d'affronter la mélancolie ensemble.
L'introduction et l’inauguration n'ont de formel que la spontanéité de cette rêverie collective enchanteresse et désenchantée.
Convoquant Antigone, Hamlet et Don Quichotte, le collectif célèbre ces figures de la désobéissance, du doute et de l'utopie.
Il célèbre aussi le théâtre, qui permet de crier, de dire, d'exulter, tout en s’avouant sincèrement que cet instant de liberté s'arrête peut-être à ce moment de célébration.
L'art est alors jouissance, un espace d'enchantement dont le collectif nous enivre.
Mais l'ivresse a ses revers et est annonciatrice de violence et de colère. Cette colère la force du groupe permet de l'exprimer mais aussi, grâce à son énergie puissante et bienveillante, de l'apaiser.
Le plateau se transforme dans un chaos festif et musical en une halte accueillante. La scène, surplombée d'un ptérodactyle mouvant à l'ossature d'acier, est l'endroit de partage, la grande place où tous se retrouvent, instant de répit joyeux pendant ce long voyage initiatique aux rituels désordonnés et réjouissants.
Le spectacle ce soir célèbre le désordre du monde.
Une Cérémonie crée un moment où chacun trouve sa place et festoie dans une grande communauté qui rassemble tous les désabusés, les à côtés.
Ce qui parfois empêche, ce soir rassemble.
Le Raoul Collectif fête la légitimité de l'incapacité à trouver des réponses, la légitimité de ce sentiment d'impuissance face à la violence que la société impose.
Nous sommes alors tous des Hamlet en puissance, ne sachant s'il faut subir ou agir. Et, si le théâtre n'a pas le pouvoir de changer les choses, il a le pouvoir et la force de rassembler, d'ouvrir un espace de réflexion collective et de considérer nos fragilités et nos insatisfactions.
En un moment festif, dans un chaos à l'image de la vie, le Raoul Collectif déborde d'énergie, d'humour et de poésie, et célèbre dans Une Cérémonie à la fois nos rêves et notre impuissance à les réaliser.
© Celine Chariot
Une Cérémonie Au Théâtre de la Bastille jusqu'au 14 avril
Écriture et mise en scène Raoul Collectif :Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot
Avec : Julien Courroye, Romain David, Clément Demari, Jérôme de Falloise, Anne-Marie Loop, Leïla Chaarani, David Murgia (en alternance avec Yaël Steinmann)
Assistante à la mise en scène : Yaël Steinmann
Seconde assistante à la mise en scène : Rita Belova
Stagiaire mise en scène : Lorena Spindler
Direction technique et arrangement musical : Philippe Orivel
Scénographie : Juul Dekker
Création sonore : Julien Courroye
Costumes : Natacha Belova
Assistante costumes : Camille Burckel de Tell
Régie générale : Benoît Pelé
Régie son en alternance : Benoît Pelé et Célia Naver
Régie lumières : Nicolas Marty
Régie plateau : Clément Demaria
Production : Raoul Collectif Coproduction - Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Théâtre de Namur, Mars - Mons Arts de la Scène, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Maison de la Culture de Tournai / Maison de la Création, Théâtre Sorano (Toulouse), Théâtre de la Bastille, Centre dramatique national d’Orléans Centre-Val de Loire, La Coop asbl / Shelter Prod
Avec l’aide du Conseil départemental du Val-de Marne, taxshelter.be, ING tax-shelter 58 du gouvernement fédéral de Belgique, Fédération Wallonie-Bruxelles Service du Théâtre (CAPT) et Wallonie-Bruxelles International
Avec le soutien du Festival de Liège et de Wirikuta asbl
Production, administration et diffusion Aurélie Curti, Catherine Hance et Laetitia Noldé
