Lola est envahie par les démons de son passé. Ses peurs la submergent, les souvenirs remontent par flot.
Lola, enfant, a perdu sa sœur jumelle, Lilou, assassinée par son père ou peut-être empoisonnée par sa mère.
J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte, explore les traumatismes, ceux qui laissent des traces, des blessures inconscientes béantes.
Le texte de Violaine Schwartz emprunte les codes du conte de fées pour donner corps à une fable inquiétante peuplée d'un enfant perdu dans la forêt et d'une sorcière à la pomme empoisonnée.
La mise en scène de Lucie Durand et Marceau Deschamps-Ségura nous embarque dans un univers foutraque, sens dessus dessous, à l'image des pensées traumatiques de Lola. Ogre et sorcière ont remplacé les images de la figure parentale.
Noyée dans ses peurs irrationnelles ou bien réelles,
accompagnée par le docteur ès Peur, psy loufoque à l'allure de clown inquiétant, Lola verbalise et énumère la longue liste de ses angoisses.
Dans un conte percutant et déjanté, Lucie Durand et Marceau Deschamps-Ségura
bousculent notre confort de spectateur pour laisser place à un imaginaire foisonnant, qui se niche dans chaque accessoire, chaque situation. De ces petites saynètes se dessine petit à petit un tout cohérent. De souvenirs en souvenirs, brique par brique, l'histoire de Lola se reconstruit.
J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte oscille entre l'analyse des contes de fées à la Bettelheim et un regard plus acerbe sur notre société actuelle qui entretient et cultive un sentiment d'insécurité. Les médias transforment notre peur, sentiment protecteur, intrinsèque à chaque être vivant, en crainte et en méfiance vis-à-vis de l'autre, de notre environnement extérieur.
Lucie Durand, Richard Dubelski, Léna Bokobza-Brunet en alternance avec Marion Träger nous emportent dans un univers très personnel qui bouscule nos repères sans jamais nous perdre.
Une performance percutante, originale et complètement décalée
J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte, au Théâtre des Déchargeurs, Nouvelle scène théâtrale et musicale, jusqu'au 23 novembre Texte Violaine Schwartz, édité aux éditions P.O.L
Mise en scène Lucie Durand, Marceau Deschamps-Ségura
Costumes, accessoires, scénographie : Leslie Moquet
Création sonore et musicale : Richard Dubelski, Léa Moreau
Jeu : Lucie Durand, Richard Dubelski, Léna Bokobza-Brunet en alternance avec Marion Träger
Crédit photo spectacle Atsushi Sakai
Vu le 14 novembre au Théâtre des Déchargeurs
