Le Misanthrope de Molière mise en scène Chloé Lambert et Nicolas Vaude




Après Lambert Wilson puis Gilles Privat en 2019, Nicolas Vaude endosse le costume d'Alceste pour cette rentrée 2020 au Théâtre du Ranelagh.

Le rideau se lève sur une scène de fête, la musique entraînante emporte les convives qui festoient, les verres remplis de vin. Les tenues aux couleurs chatoyantes et élégantes offrent un tableau joyeux et festif. La soirée bat son plein.
Mais Alceste s'ennuie. En retrait, mal à l'aise, il ne se sent pas à sa place.
Exit le vieux bougon effacé et taciturne, Nicolas Vaude offre une véritable présence scénique au personnage d'Alceste qui s'anime et s'exprime. Mû par son défaut de la sincérité, il incarne un Alceste vivant et bouillonnant.

Philinte essaie de convaincre son ami de se détendre un peu au contact de ses semblables.
Philinte ici ne joue pas simplement le détracteur d'Alceste. S'il accepte les choses telles qu'elles sont ce n'est ni par hypocrisie ni manque de caractère ; il a une véritable personnalité éclairée par sa philosophie de vie.
Laurent Natrella lui distille une délicieuse dose de sagesse, cette intelligence de l’adaptation et de la distance aux choses.
A eux deux, Alceste et Philinte incarnent une véritable amitié et nous entrainent dans leur discussion, attablés autour d'un verre.
La spontanéité de Laurent Natrella et de Nicolas Vaude crée une complicité naturelle et franche. Un véritable attachement noue la relation de ces deux amis qui s’apprécient et arrivent à tout se dire sans se fâcher.
Laurent Natrella et Nicolas Vaude apportent une sincérité sans complaisance dans leurs échanges vifs et jovials.

Dans toute sa contradiction, Alceste rejette l'hypocrisie des interactions sociales, mais souffre de ses sentiments pour Célimène. Jamais il n'a paru aussi humain que lorsque jaloux et colérique, il attend d'être rassuré par l'affection de celle qu'il aime.
D'ailleurs Célimène n'est pas qu'une simple intrigante. Chloé Lambert insuffle à l'héroïne cette liberté de vie.
Libérée des contraintes du patriarcat, elle se joue des hommes. Légère et désinvolte elle n'a d'insouciance que sa liberté qu'elle savoure.
Chloé Lambert est une Célimène vibrante et touchante qui souffre du comportement et des doutes incessants d'Alceste. Prise à son propre piège elle se révèle plus fragile que médisante.
Les personnages féminin d'Eliante et Arsinoé complètent le tableau des caractères.
Avec Oronte et les Marquis, chacun apporte sa composition à ces personnages qui se contredisent et s'équilibrent.
Une mention spéciale pour Clara Arthur Vaude pleine de fantaisie qui excelle dans son rôle de valet.


La vivacité du jeu et de la mise en scène de Chloé Lambert et Nicolas Vaude redonne une nouvelle dimension aux personnages de Molière ; ils ne sont plus simplement murés dans leur condition de classe mais c'est toute leur humanité et leurs faiblesses qui jaillissent sur la scène.
La force de la mise en scène est d'avoir réussi à humaniser chacun des personnages.
Quel plaisir de découvrir un  Alceste vivant, au sang qui bouillonne, empli de ses contradictions qui parlent à chacun d'entre nous.



Au Théâtre du Ranelagh à partir du 17 janvier 2020,

Le Misanthrope de Molière
Mise en scène : Chloé Lambert et Nicolas Vaude
Avec : Nicolas Vaude, Chloé Lambert, Laurent Natrella, Pierre Val, Nathalie Boutefeu, Arthur Sonhador, Hélène Barillé, Raphaël Duléry, Clara Artur Vaude
Scénographie : Thibault Ameline
Costumes : Carole Gérard
Lumière : Idalio Guerreiro
Chorégraphie : Karine Briançon