Déglutis, ça ira mieux d'Andréa Bescond et Eric Métayer



Au Festival d'Avignon du 5 au 28 juillet, au Théâtre du Balcon à 22 heures 30.


‘‘Déglutis, ça ira mieux est l’histoire d’une femme, Aline, éternelle adolescente de 50 ans, fuyant sa vie, ses responsabilités et surtout son rôle de mère. Lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative, elle se débrouille pour retrouver sa fille, Nina, devenue adulte trop tôt et qui a fait ses bagages depuis longtemps’’


Après le succès des Chatouilles, Andréa Bescond et Eric Métayer présentent leur nouvelle création au Festival d’Avignon 2019.
Tous les deux à l’écriture et à la mise en scène, le duo s’attache à un nouveau sujet sensible et d’actualité : la maladie et la question de la fin de vie.

Les auteurs abordent le sujet à travers le prisme de la famille et des rapports qui se nouent autour du problème de la perte d'autonomie. Comment la maladie transforme nos rapports à l’autre, et surtout à son enfant ?

Déglutis, ça ira mieux nous parle de retrouvailles entre mère et fille qui se sont perdues de vue, non pas tant à cause du nombre des années passées mais en raison d'une distance mue par une incompréhension, des non-dits qui se sont imposés peu à peu.
Au fil de la pièce, la maladie crée alors un rapprochement forcé qui s’avère être salutaire pour les deux femmes.
Elles redécouvrent un lien affectif, et assouvissent un vide qu’elles comblaient un peu comme on comble sa solitude à travers les réseaux sociaux, ce bleu des écrans où les vies s’entassent en fil d’actualités faussés et sublimés.

Isabel Otero et Géraldine Martineau interprètent mère et fille dans un tête à tête intense. Touchantes, elles se tournent autour dans une relation fusion répulsion et essaient de réparer un lien distendu.

La mise en scène s’appuie sur des projections vidéos qui situent l’action dans l’espace du lieu mais aussi dans l’espace des pensées des deux femmes.
Leurs représentations mentales ainsi projetées dessinent aussi bien les délires hallucinatoires de la mère que les images de leur intériorité, conscientes ou non de ce qui se projette dans cette distorsion des souvenirs et des images.

Si l’avenir n’est désormais plus envisageable, reste alors les souvenirs pour se créer une histoire.

La musique, véritable courant d’air qui égaie un sujet grave, se meut au gré des réminiscences et des souvenirs lointains partagés et fondateurs de ce lien filial et maternel.

Andréa Bescond et Eric Métayer réitèrent leur performance en mettant en scène un sujet grave, essentiel et douloureux sans jamais sombrer dans le pathos.
Après Les Chatouilles, Déglutis, ça ira mieux pose des questions de société qui touchent à la sphère intime. Sans jugement, la pièce ose regarder en face et poser délicatement sur la table un sujet souvent mal médiatisé, la dignité dans la maladie.



Texte et mise en scène Andréa Bescond et Eric Métayer
Avec Isabel Otero et Géraldine Martineau
Vidéo Charles Carcopino
Graphisme Jean-Baptiste Carcopino
Lumières Jean-Yves de Saint-Fuscien
Son Vincent Lustaud
Assistant mise en scène Damien Gajda

Vu au Théâtre du Balcon, le 13 juillet 2019