Un Picasso, de Jeffrey Hatcher









Frau Fischer, attachée culturelle, est mandatée par le régime nazi pour rencontrer Picasso et lui faire part d'un projet d'exposition.
Trois autoportraits doivent être authentifiés.
Picasso est convoqué et se retrouve dans une cave, l'échange se transforme rapidement en interrogatoire; la tension monte, le projet de Frau Fischer semble cacher autre chose qu'une simple exposition.

Jean-Pierre Bouvier interprète Pablo Picasso, cerné comme un lion en cage. Il tourne, bouge, s'échauffe mais jamais n'abandonne.
 

Le face à face entre l'artiste et la rigidité du Reich, incarnée en l'attachée par Sylvia Roux, crée un rapport de force qui fait resurgir des fêlures plus lointaines.
Picasso ouvre ses failles qui remontent à l'enfance.
Il se souvient de son père pour qui il n'a toujours été que le petit Pablolito. La confiance, il la trouvait dans les yeux de sa sœur, Conchita, avec qui il se sentait être le grand Pablo.

Des fêlures qui contrastent avec une estime de soi qui s’impose sur scène grâce à l'incarnation de Jean-Pierre Bouvier. Comme Picasso l'affirme avec conviction, s'il est si peu imité c'est parce qu'il est inimitable.
Ce qui fait sa singularité explique
Picasso à l'attachée culturelle, c'est qu'il sait aisément dessiner comme Raphaël, il ne s'est pas arrêté là et a dépassé les frontières de l’esthétisme.

Jean-Pierre Bouvier incarne un Picasso paradoxal et magnifique dans ses contradictions. A la fois sensible et sûr de lui, il dévoile sa faiblesse face aux femmes.

 'Vous faites tout pour nous plaire '.

Essaie-t-il d'échapper à l’attachée ou à la femme ?

La tension qui s'installe entre les deux personnages est palpable, une tension qui devient intense, forte, jusqu'à en devenir charnelle.
Jean-Pierre Bouvier et Sylvia Roux se tournent autour, deux fauves aux caractères puissants et imposants.

La mise en scène d'Anne Bouvier installe un rapport de force et de sensibilité. La sensualité des caractères exulte.
Sylvia Roux et Jean-Pierre Bouvier sont deux aimants entrainés en un mouvement de répulsion et d'attraction.

L'émotion est forte, elle transpire et nous aspire.



Adaptation de Véronique Kientzy
Mise en scène de Anne Bouvier

Avec Jean-Pierre Bouvier et Sylvia Roux .
 

Vu Au Studio Hébertot le 10 janvier 2019