Combat de Nègre et de Chiens de Koltès - Compagnie Kobal’t

 

Après son adaptation d' Hamlet de Shakespeare, le collectif Kobal’t adapte Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès et nous entraîne une nouvelle fois dans les méandres de la vengeance. 

Koltès situe la trame de son récit en Afrique, sur un chantier entouré de barricades qui abritent les cases du chef de chantier Horn et de son contremaître Cal. Sous l’immensité de cet espace, à ciel ouvert, c'est un huis clos qui se joue dans cette enceinte perdue au milieu de nulle part. La soirée coïncide avec l'arrivée de Léone venue de Paris épouser Horn, et celle d'Alboury qui s’introduit sur le chantier pour réclamer le corps de son frère ouvrier dont il a appris le décès.

Les quatre personnages, évoluant sur un plateau de sable, sont entourés du public, sentinelle attentive et spectatrice des drames qui vont se nouer dans cette nuit qui peu à peu plonge l'instant dans le clair-obscur.
Nous sommes à ce moment de la journée où le soleil se couche, où les choses bougent encore, mues par les effets de l'ombre crépusculaire.
Les lumières de Claire Gondrexon qui éclairent le plateau reflètent cet état de tension, où rien ne semble certain, où rien n'est explicitement visible.
 

Mathieu Boisliveau met en scène la langue limpide du long poème de Bernard-Marie Koltès sur la nature humaine et nous entraîne dans ce qu'elle a de plus sombre et de plus violente. Meurtre, trahison et vengeance, sur fond de colonialisme et de racisme, composent l'amer portrait du dramaturge dont le collectif s'empare avec une fluidité saisissante.

Formidables, Chloé Chevalier, Pierre-Stefan Montagnier, Denis Mpunga et Thibault Perrenoud incarnent cet impossible dialogue entre les personnages. Leurs différences sociales, de sexe et d'origine induisent des rapports de domination insidieux qui semblent inévitables. La tension qui s'installe entre ces personnages, qui pourtant ne cherchent que tranquillité et apaisement, ne fait que grandir jusqu'à l'implosion.
 

La terre aride et sèche matérialisée par le sable qui recouvre le plateau, le travail qui transforme les hommes en bêtes de somme, les rapports hiérarchiques, révèlent des états de frustrations accumulés qui conduisent à la violence.

Mathieu Boisliveau met en scène le combat de la nature humaine en proie à ses contradictions et à ses ambivalences qui plie sous le poids d'un ordre politique. Dans cette micro-société, ce huis clos à l'image du monde, la compagnie Kobal't met à nu l'humanité prise au piège de son histoire.
Cette image post-colonialiste dessinée par Bernard-Marie Koltès enferme les hommes dans une place définie, comme écrite malgré eux et qui étouffe leurs désirs et leur singularité.
Le collectif Kobal't saisit toutes les subtilités de l'écriture sensible de Bernard-Marie Koltès et révèle tout l'éclat de ce Combat perdu d'avance.

 


 

Combat de nègre et de chiens De Bernard-Marie Koltès Création Collective  de la Compagnie Kobal’t au Théâtre de la Bastille jusqu'au 23 novembre 2022

crédit photo : © Gilles Le Mao
 
Mise en scène : Mathieu Boisliveau
Avec : Chloé Chevalier, Pierre-Stefan Montagnier, Denis Mpunga, Thibault Perrenoud
Collaboration artistique : Thibault Perrenoud et Guillaume Motte
Assistant à la mise en scène : Guillaume Motte Dramaturgie : Clément Camar-Mercier
Scénographie : Christian Tirole
Lumières : Claire Gondrexon
Costumes : Laure Mahéo
Régie générale et Son : Raphaël Barani
Régie plateau : Benjamin Dupuis
Production Kobal’t
En coproduction avec Le Théâtre de La Bastille - Paris, La MAC - scène nationale de Créteil, Le Quartz - scène nationale de Brest, Les Célestins - Lyon, La Halle aux Grains - scène nationale de Blois, L’ACB - scène nationale de Bar- le-Duc, Théâtre Sorano – scène conventionnée Toulouse
Avec l’aide à la création de la DRAC Île-de-France Avec le soutien de la Région Île-de-France
Création soutenue par le Département du Val-de-Marne
Avec le soutien de la compagnie Italienne avec Orchestre - J.F Sivadier, Le Nouveau Théâtre de Montreuil – Centre dramatique national et Ecurey Pôles d’avenir – Centre culture.
 
Sophie Trommelen, vu le 8 novembre 2022 au Théâtre de la Bastille