Je vis dans une maison qui n'existe pas de Laurène Marx

 

Après Pour un temps sois peu où Laurène Marx, en un manifeste aux allures de stand-up, racontait son parcours de transition, l'artiste présente au Théâtre Ouvert, dans le cadre du festival Zoom, son nouveau texte Je vis dans une maison qui n'existe pas.

De cette sensibilité qui déborde, Laurène Marx nous absorbe dans l’écoute du récit d'une enfance, celle de Nikki, qui, entourée de ces amis imaginaires, habite sa maison, refuge d'une colère qui elle existe bien. Madame Monstre, les Touts Petits, et Nuage le nuage composent les pendants d'une personnalité écorchée vive, toujours sur le fil.
De cette adresse directe que l'autrice et actrice manie avec une acuité saisissante, Laurène Marx entrouvre les portes de sa maison et laisse ses démons s'exprimer. Troublante, Laurène Marx crée une proximité généreuse qu'une distance pudique vient toujours contrebalancer.
Laurène Marx se livre donnant les clefs de cette maison qu'elle s'est construite, emmurée dans ses failles, dans cette sensibilité qui étouffe autant qu'elle fait vibrer. Accompagnée de Fanny Sintès à la mise en scène, complice avec qui elle forme la compagnie Je t’accapare, et des réalisations sonores de Nils Rougé, Laurène Marx déroule le fil d'un conte ou l'enfance n'a rien de magique et d'où, quoiqu'il advienne, il faut en sortir.
Quitter la maison. Quitter cette maison qui n'existe pas.
 

L'écriture a d’exceptionnel cette approche qui toujours touche au vrai. Le maquillage, l'habit de scène ou même le nom d'emprunt fictionnel ne suffisent pas, l'intime surgit, sans fard, sans costume, d'une pudeur qui ne triche pas.

Au-delà de la sincérité, la puissance de l'écriture se mêle à l'évidence du plateau. Laurène Marx capte l'attention d'une aura manifeste et d'une présence lumineuse qu'impose son authenticité. Elle aborde la détresse psychologique de l'être qui ne trouve sa place qu'en son for intérieur pourtant bousculé. De cette intranquillité jaillit une écriture à vif, faite d'injonctions qui transforme le monologue en un dialogue ouvert vers le public.

Intense et fulgurante Laurène Marx suspend l'instant, le trouble et confirme la puissance sensible d'un style aussi personnel que déflagrateur.

 

 


 Caroline Marcilhac présente au Théâtre Ouvert, la 8ème édition du Festival Zoom. Le Centre National des Dramaturgies Contemporaines du 23 mai au 16 juin offre son plateau aux nouvelles écritures, Les textes Penda Douf , Marilyn Mattei Constance Débré , Laurène Marx, Padrig Vion, Jean-René Lemoine, Guillaume Cayet, Laëtitia Ajanohun Émilie Lacoste et de Clémence Attar sont ainsi présentés en avant première à travers des mises en voix qui dessinent la singularité et la pluralité de la création littéraire et théâtrale contemporaine. 

 Je vis dans une maison qui n'existe pas
Texte : Laurène Marx
Mise en espace : Laurène Marx, Fanny Sintès
Avec Laurène Marx 
Création sonore : Nils Rougé 
 
Sophie Trommelen, Vu le 31 mai au Théâtre Ouvert