Mademoiselle Julie d'August Strindberg m.e.s de Christophe Lidon

 


 

Julie séduit le valet de son père le temps de cette nuit du solstice d’été, la plus courte de l’année, ce moment unique qui délie les contraintes, exacerbe les sens et abolit les frontières sociales. Transgression ultime…

 

Christophe Lidon met en scène le texte d’August Strindberg, Mademoiselle Julie. Son adaptation, épurée, limpide, va à l’essentiel du texte mythique du dramaturge suédois.

Christophe Lidon touche au plus juste de la psychologie des personnages et dévoile toute la profondeur de ces caractères emprisonnés dans leurs carcans de classe, de sexe, et d’ego.


Sarah Biasini fait irruption dans la cuisine et toute la fraîcheur et la désinvolture de Mademoiselle Julie inonde la salle. Julie veut séduire Jean, elle joue à un jeu dangereux, s’amuse de la situation et l’aristocrate et le valet entrent alors dans un pas de deux violent régit par la loi de l’attraction et de la répulsion.

Dans l’espace clos de la cuisine, Julie et Jean que tout oppose s’affrontent de leur orgueil incontrôlable.

Lumineuse, Sarah Biasini offre à Mademoiselle Julie toute la spontanéité de ce personnage tiraillé entre son instinct de vie et une instabilité dévastatrice.

Yannis Baraban campe un Jean lucide qui, s’il flanche dans des moments de faiblesse, n’est jamais dupe de ce qui se joue ici. Il est de cette classe qui ne peut se permettre d’avoir des états d’âme.

Rien ne semble les empêcher de se débattre dans une violence qui n’a pas d’issue.

Le réveil après cette nuit de tous les fantasmes est difficile. Dans un moment de faiblesse, les langues se délient. Et c’est ce qui intéresse Christophe Lidon ici. Le pourquoi. Quelle force empêche les personnages de se libérer de leur condition ?

L’inconscient collectif se mêle à l’inconscient des personnages. Leur histoire est comme déjà écrite, leur condition déjà statuée par un passé immuable.

La passion n’arrive pas à prendre le pas sur la raison. Christine, majestueuse Déborah Grall, est là comme un rappel à l’ordre, les murs de la maison résonnent, les pas du père claquent à la seule vue de ses bottes. La musique et les images projetées font surgir le passé qui résonne tel le tic-tac de l’horloge. Immuable, implacable.


Christophe Lidon éclaire l’histoire de Mademoiselle Julie d’un regard profond et juste. Il dépasse la passion inhérente au texte pour se plonger dans les non-dits. Il met en scène toute l’humanité des personnages et fait surgir des caractères aux prises avec leur histoire.

Christophe Lidon offre un écrin à Sarah Biasini, Yannis Baraban et Déborah Grall qui incarnent magistralement les tourments de ces personnages aux âmes prisonnières, incapables de forcer un destin qui leur est assigné.

 

 

 

 Vu au Théâtre des Halles à Avignon le 6juillet 2021

Mademoiselle Julie d'August Strindberg
mise en scène et scénographie Christophe Lidon

avec Yannis Baraban, Sarah Biasini, Déborah Grall
adaptation scénique Michael Stampe
costumes Chouchane Abello-Tcherpachian
images Léonard
lumières Cyril Manetta
musique Cyril Giroux
assistante à la mise en scène Valentine Galey 
chorégraphie du bal Maud Le Pladec, directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans

avec le soutien de la Ville de Saint-Maurice - Théâtre du Val d'Osne 
création du Cado,
Centre National de Création, Orléans – Loiret