La femme qui ne vieillissait pas de Grégoire Delacourt

 


 

Betty a trente ans quand elle devient un modèle du grand projet photographique de Fabrice, «Du Temps». Depuis vingt ans déjà, il photographie des modèles chaque année, à date fixe. Avec Fabrice, Betty va faire des essais avec les cheveux attachés, les cheveux détachés, le col de chemise ouvert, fermé, pour définir la photo référence pour les prises de vues à venir. Fabrice lui montre la photo qu’il aime, elle se trouve belle. Une fois par an, Betty pose pour Fabrice. Pour voir le temps passer sur son visage, pour y lire son histoire. Les années se suivent, les photos se prennent , mais au bout du temps, Betty a trente ans. 

 

Grégoire Delacourt questionne dans une fable des temps modernes la définition de la beauté. De cette injonction à l’éternelle jeunesse, il écrit un texte sensible et explore notre relation au corps, à l’autre. 

Dans le studio de photo de Fabrice, Betty se découvre, belle, séduisante. Cette image que le photographe fige sur la pellicule deviendra son image, elle aussi à jamais figée. Le fantastique se mêle au fantasme. Betty ne vieillira plus, du moins en apparence, et gardera pour toujours ce visage qu’elle a trouvé beau, à cet instant, sur cette photo.
Enfermée dans un corps qui au fil du temps ne lui ressemble plus, Betty voit la vie défiler et l’éloigner peu à peu de ses proches.
 
Françoise Cadol adapte le conte de Grégoire Delacourt et interprète avec élégance cette femme sur laquelle le temps n’a plus de prise.
D’une émotion à fleur de peu, elle incarne une femme prisonnière de son image qui ne la renvoie plus à qui elle est vraiment.
Prise au piège de son éternelle jeunesse, la distance que sa beauté immuable engendre fane et fausse son rapport à l’autre.

Tristan Petitgirard joue de la lumière travaillée du studio photo. Les flashs éblouissants et les déclics de l’appareil argentique rythment en des instantanés les années qui passent. Les pellicules photos, métaphores alors de la vie, se découvrent et se développent dans cet espace clos qui peu à peu enferme Betty dans son désir de beauté éternelle.

Françoise Cadol met en scène les mots de Grégoire Delacourt et tout en images douces et touchantes nous dit l’essentiel.

Vieillir est une chance, évoluer sur le même rythme que ceux qui nous entourent, partager ces mouvements inéluctables du corps avec ceux qu’on aime, c’est vivre.
Notre apparence n’est pas une image, et, loin d'être figée, elle reflète notre nature profonde.
Françoise Cadol capte toute l'importance de cette fable qui prend nos désirs à contrepied. Par la finesse de son adaptation elle nous laisse doucement envisager qu'au-delà du regard de l’autre, de celui d’une société qui imposerait ses diktats, seul notre propre regard, celui que l’on porte sur soi prévaut.
Si la jeunesse ne dure pas, la beauté a des ressources infinies.

 

 

crédit photos :© Fabienne Rappeneau

Au Buffon Théâtre du 7 au 31 juillet à 15h25 la Femme qui ne vieillissait pas d'après le roman de Grégoire Delacourt 
 
avec : Françoise Cadol 
adaptation : Françoise Cadol 
mise en scène: Tristan Petitgirard 
Décor : Pauline Gallot
Lumières Denis Schlepp
Musique: Romain Trouillet
Voix Off : David Krüger 
Costumière: Alice Touvet 
Assistante à la mise en scène : Bérengère de Pommerol
Productrice éxécutive : Aline Pélissier 
Attaché de presse : Pascal Zelcer