L'intention du texte commence par une rencontre.
Sara Llorca est comédienne, metteure en scène et chanteuse.
Omar Youssef Souleimane est poète. Syrien, il a du fuir son pays après sa participation active aux manifestations de Damas. De leur rencontre naît une amitié passionnée et l'envie d'aller plus loin, de raconter, de partager, de s'interroger. Émerge alors l'idée de créer.
Les débats passionnés de ces deux artistes ont donné naissance à La Terre se révolte. Chacun des tableaux est le fruit de leurs longues discussions, de leurs questionnements, d'une amitié qui ne voit pas l'heure passer lorsqu’elle s'exprime.
La Terre peut alors de révolter.
L'introduction entraine en une fraction de seconde l'attention du public. Elie Youssef et Tom Pézier, le poète exilé et le journaliste, nous entrainent dans un dialogue vivant, concret et qui pose de suite les enjeux du texte. La différence est-elle un obstacle au vivre ensemble ?
Petit à petit le dialogue glisse vers une adresse directe. Elie Youssef nous interpelle de son regard vif et profond et s'adresse à nous, au monde : Je suis prêt et vous ?
Elie Youssef possède ce charisme qui pose l'écoute. De sa voix engagée et sincère, il nous emporte dans le tourbillon du vécu.
Qu'il parle d'exil, de la guerre, de la vie ou de la solidarité, son message se tourne toujours vers une porte qu'il veut croire ouverte, vers l'autre, vers un optimisme plein d'humanité.
Poète qui a fuit un pays en guerre, il énonce des vérités touchantes.
Le poète a fait de cette langue de l'exil son terrain de jeu et sa liberté.
Conviant Paul Eluard, il nous parle de liberté et introduit magistralement la pièce.
Après la spontanéité de l'introduction, le tableau s’ouvre alors dans une théâtralité plus narrative.
C'est l’histoire d'une rencontre, celle d'Andrea, étudiante en philosophie, qui découvre les mots d'Omar. Tout les sépare, leur culture, leur histoire et pourtant leur humanité les rapproche. La discussion est le moteur de la prise de conscience.
La conversation qu' Elie Youssef avait introduit continue sous différentes formes tout au long de la mise en scène. Lorsque les mots ne suffisent plus, la danse, la transe et le chaos s’invitent alors sur scène. Et puis le rêve.
'Réver c'est le point de départ de tout, le point de départ de la révolution.
Le rève d'un peuple qui a raté la sienne'
Lou de Laâge, Ingrid Estarque, Logann Antuofermo, Raymond Hosny et Tom Pézier dépassent la fiction et donnent corps à un dialogue plein d'interrogations et jamais figé.
Le texte de Sara Llorca, d'Omar Youssef Souleimane et de Guillaume Clayssen est une ode à la conversation. Ce n'est qu'en écoutant l'autre, en dépassant ses a priori que peut naitre la connaissance et la compréhension.
Le texte nous apprend qu'écouter n'est pas interroger l'autre de façon intrusive.
L'intime, même s'il est liè à l'Histoire, ne peut être livré que dans la confiance et sans jamais se transformer en justification.
Le respect de la parole ne peut se faire qu'avec légèreté, humour et respect.
Sara Llorca, d'Omar Youssef Souleimane et de Guillaume Clayssen délivrent un texte intense et émouvant. Conviant Descartes, ils démontrent que seul le doute peut nous rendre meilleur.
La certitude est l'ennemie de nos vérités et de notre avenir .
Jusqu'au 9 février à la MC93, Maison de la culture de Seine-Saint-DenisBobigny
Texte : Sara Llorca, Omar Youssef Souleimane, Guillaume Clayssen
Librement inspiré du récit Le petit terroriste de Omar Youssef Souleiman publié chez Flammarion (2018)
Mise en scène: Sara Llorca
Avec Lou de Laâge, Ingrid Estarque, Logann Antuofermo, Raymond Hosny, Tom Pézier, Elie Youssef
Dramaturgie : Guillaume Clayssen
Musique : Benoît Lugué
Chorégraphie : Ingrid Estarque, Sara Llorca
Scénographie et costumes : Anne-Sophie Grac
Assistante à la mise en scène et communication : Céline Lugué
Création lumières : Camille Mauplot
Régie générale : François Gautier-Lafaye
Création sonore : Clément Roussillat, Benoît Lugué
Construction décor : Ateliers de la MC 93
