La vie de Galilée de Bertolt Brecht, mise en scène Claudia Stavisky




Dans La Vie de Galilée, Bertolt Brecht raconte le vertige d’un monde qui voit subitement son ordre voler en éclats. En Italie, au début du XVIIe siècle, Galilée braque un télescope vers les astres, déplace la terre, abolit le ciel, cherche et trouve les preuves qui réduisent à néant les sphères de cristal où Aristote et Ptolémée avaient enfermé le monde, fait vaciller l’ordre de l’Église. L’Inquisition lui fera baisser les bras, abjurer ses théories, sans pour autant réussir à l’empêcher de continuer à travailler secrètement à l’écriture de son œuvre majeure, ses Discorsi.

La scène s’ouvre sur le cabinet de Galilée, il fait sa toilette, s’habille, expérimente.
Claudia Stavisky met l’homme en scène. Sans cesse il démontre, cherche, s'active.
Galilée est dans l’action. Il n’a de cesse de chercher la vérité, la prouver.

La question n’est pas de démêler le vrai du faux.
La preuve n’est plus à faire, il reste pourtant à convaincre.
L'intention mise en avant n’est pas tant la recherche de la vérité que les conséquences qu'elle peut entraîner si elle est dévoilée.
Claudia Stavisky met en avant le propos politique de Bertolt Brecht et confronte vérité et pouvoir. Un pouvoir fondé sur des dogmes.

Claudia Stavisky joue sans cesse de se contraste.
Si lorsqu’il est avec son jeune apprenti Andréa, Galilée démontre, auprès des autorités il persuade.
Ces prêtres qui ne veulent pas prendre la peine de regarder dans la lunette sont dans le déni de la science et ne veulent pas se confronter à la vérité. Non pas que celle-ci les dépasse, mais ils se font les gardiens d’un ordre qu’ils ne veulent pas voir évoluer.
La croix qui illumine la scène est alors paradoxalement signe d’obscurantisme.

Philippe Torreton sert tout entier le texte de Brecht, passionné et passionnant il nous entraîne dans les pages d’une histoire devenue universelle.
La troupe évolue de concert dans cette chronologie de la vie de l’homme de science, et les tableaux renouvellent à chaque fois une intention claire.
Comment ne pas comparer la pièce à l'état de nos sociétés contemporaines. Les lobbies se dressent contre l’évidence d’une consommation excessive et d’un réchauffement climatique inévitable.

Dans un magnifique monologue final riche de sens porté par Philippe Torreton, Galilée prend conscience que la science doit soulager la peine de l’existence humaine et ne jamais s’éloigner de l’humanité.
Il fait le vœu d’un serment d’Hippocrate qui unirait les scientifiques pour le bien de l’humanité.
Galilée est tel le lanceur d’alerte. Il essaie de bousculer l’ordre établi avec des évidences écrasées par le poids d’un système qui profite aux plus puissants.

Celui qui ne connaît pas la vérité, celui-là n’est qu’un imbécile. Mais celui qui la connaît et la qualifie de mensonge, celui-là est un criminel.

Jusqu'au 9 octobre à la Scala, Paris.




Texte Bertolt Brecht
Mise en scène Claudia Stavisky
Avec Philippe Torreton : Galilée
Gabin Bestard :membre du conseil, Cosme enfant, le moine, accompagnateur, le
secrétaire, enfant de choeur
Frédéric Borie :Ludovico, Clavius, l’individu, Barberini, le pape
Alexandre Carrière :Sagredo, le gros prélat, Vanni, individu, le moine de la fin
Maxime Coggio : Le petit moine, le mathématicien, un membre du conseil, Cosme adulte
Guy-Pierre Couleau : Le doge, Federzoni, le vieux cardinal, Gaffone
Matthias Distefano : André jeune, le moine titubant, le secrétaire, enfant de choeur
Nanou Garcia : Madame Sarti
Michel Hermon : L’inquisiteur, le curateur, le maréchal de la cour
Benjamin Jungers : André adulte, un membre du conseil, le philosophe, le savant,
Bellarmin, le fonctionnaire
Marie Torretono : Virginia, La fille de Galilée
Scénographie et costumes : Lili Kendaya
Lumière : Franck Thevenon
Son : Jean-Louis Imbert
Création vidéo : Michaël Dusautoy
Assistant à la mise en scène : Alexandre Paradis

Jusqu'au 9 octobre à la Scala , Paris