Hervé Dubourjal adapte dans un ton résolument personnel le conte philosophe de Diderot, Madame de la Carlière, critique de la rumeur publique.
Le Chevalier Desroches conquiert le cœur de Madame de la Carlière.
Dans un monologue assurément moderne Madame de la Carlière s'attache à décrire sa vision du mariage et ce qu'il implique, autant en renoncement qu'en dévouement.
Le Chevalier Desroches est-il prêt et a-t-il pris la mesure d'un tel engagement ?
Madame De La Carlière ne saurait sacrifier sa vie sans que celui à qui elle dévoue son avenir n'en prenne la mesure.
Viendra alors, après deux ans d'union, le temps du scandale qui agitera l'opinion d'une cour prête à tous les propos.
Le monologue interprété par Caroline Silhol s'appuie sur l'adaptation très moderne d'Hervé Dubourjal du conte philosophique de Diderot.
L'adaptation allie humour et bon sens pour parler de choses vraies qu'on attendait pas de celui qui a tout de même écrit l'Encyclopédie.
L'élégance de la mise en scène joue de la mise en abime des personnages et des acteurs dont le charisme et la justesse éclairent un texte jouissif.
Caroline Silhol sublimée par les éclairages d'Yves Angelo, apprêtée du rouge écarlate de sa robe, illumine la scène et les propos de cette femme au caractère entier.
Caroline Silhol et Hervé Dubourjal parfois narrateurs, parfois sujets, oscillent entre les rôles. Ils jouent à la fois le couple, puis leurs détracteurs.
Caroline Silhol et Hervé Dubourjal interprètent les différents points de vue d'une rumeur qui ne s'appuie que sur des déductions subjectives.
Ils illustrent le pour et le contre d'une opinion publique qui s'amuse, les impertinents jaseurs que l'on écoute et que l'on ne devrait pas croire.
Hervé Dubourjal prend le parti réussi d'une adaptation moderne et très poétique. Qu'ils abordent le désir ou le plaisir féminin, les dialogues s'attardent sur la richesse d'une pensée ouverte et surtout pleine d'humour.
Le propos de la pièce dénonce la rumeur dévastatrice, l'importance de l'opinion publique qui fait et défait des vies sociales.
Hervé Dubourjal dénonce les préjugés et surtout la bêtise des on-dit sans fondement.
Il faut se taire quand on ignore, et si il y a un mot à retenir de la pièce c'est bien : réfléchissez!
(c)Jan Malaise
Jusqu'au 3 novembre au Théâtre Lucernaire à 20 heures
Vu le 28 août 2019 au Théâtre Lucernaire