Jacob, Jacob de Valérie Zenatti



Au Festival d'Avignon du 5 au 28 juillet Au Petit Louvre à 10 heures 45


Jacob est mobilisé. Lui qui ne connaît encore rien de la vie, quitte son Algérie natale pour retrouver le front de la guerre en Alsace. Sans vraiment savoir où il va, il traverse la mer et découvre violemment la vie de caserne, la guerre, la mort.
Il va connaître aussi l’amitié, l’amour.

Sa mère tente désespérément de le retrouver, le cherchant de port en port, les paniers chargés de victuailles.
Le départ, l’éloignement, elle peut l’accepter mais comment accepter la disparition et ce vide que le manque de nouvelles laisse et qui la hante et la ronge.
Comment vivre, respirer, sans savoir jamais ce qui a pu arriver à son fils.

Véritable récit d’apprentissage, Jacob, Jacob entremêle deux paroles et dessine le portrait de deux personnages au lien cassé, brisé.
Le récit s’attache à leur dérive. Séparés, mère et fils sont emportés par le courant des événements qui les éloignent l’un de l’autre.

L’adaptation de Dyssia Loubatière juxtapose deux récits que tout sépare et que tout uni.
Elle fait appelle aux sens, à des impressions, plutôt qu’à l'action.
La sensation de Jacob lorsqu’il passe sa main sur son crâne rasé lui fait comprendre toute la réalité de son incorporation.

Jacob rencontre la mort, et accepte son sort en se dissociant de son fusil. Il s'occupe de passer entre les flammes et son fusil de tuer.
Il découvre l’amour, incarnée par Jeanne Disson, rencontre de deux êtres dont les langues assouvissent une soif insoupçonnée.

Le texte de Valérie Zenatti s’attache aux détails, aux sens, aux saveurs : on sent l’odeur des biscuits à l’anis qui s’échappe du panier de la mère, l’odeur de l’huile d’olive avec laquelle elle massait ses enfants.

Oscillant sans cesse entre narration et incarnation  Florian Choquart et Christiane Cohendy interprètent avec puissance ce texte fort.
Si le courage et l’amour peuvent défier tous les obstacles, l’injustice des décisions politiques broie les peuples et les familles.
Dyssia Loubatière met en scène, face à un destin implacable, cette douleur de l’intime, servie par la justesse de l’émotion de ses acteurs.



Adaptation et mise en scène Dyssia Loubatière
Avec : Forian Choquart Christiane Cohendy Jeanne Disson
Avec la voix de Martin Verhoeven
Assistante à la mise en scène – Clémence Boué
Scénographie - Simon Vallery
Lumières et régie générale – Léo Thévenon
Son – Pierre Bodeux
Costumes - Cidalia Da Costa Maquillage – Cécile Kretschmar
Accessoiriste – Véra Granger
Administratrice - Karinne Méraud

Christiane Cohendy a reçu le Molière de la meilleure comédienne pour son interprétation dans Décadence de Steven Berkoff
Jacob, Jacob de Valérie Zenatti a reçu le Prix du livre Inter 2015, le Prix Livre Azur 2015, le Prix Méditerranée 2015 © Éditions de l’Olivier, 2014 Également disponible aux Éditions Points

Vu le 14 juillet 2019 au Théâtre du Petit Louvre.