Théodora Breux s'empare de la force dramatique du texte de Jean-Pierre Siméon, Stabat Mater Furiosa, et dans une longue supplique douloureuse dénonce la guerre dans tout ce qu'elle a d’atroce et d'arbitraire.
S'inspirant du Sabat Mater, texte sacré du Moyen Âge, litanie de la vierge Marie pleurant son fils agonisant sur la croix, Jean-Pierre Siméon transpose la douleur de la vierge à celle de toutes les femmes qui, debout, assistent impuissantes à la mort de leur enfant.
De sa seule présence Théodora Breux porte le cri de cette femme qui s'élève contre la guerre, contre les hommes qui la font. De sa voix suave qu'elle pose sur les lignes du sombre poème, elle nous emporte dans les profondeurs de la meurtrissure.
Elle devient celle qui maudit et exècre, qui agace et énerve, une mère, une fille qui clame sa colère et témoigne de la barbarie qui sévit, hier comme aujourd'hui, face obscure et inexorable de notre humanité.
Avec pour seul artifice sa voix, posée et profonde, Théodora Breux exalte tout le sacré de cette complainte douloureuse qui maudit les hommes, victimes et bourreaux d'une inhumanité sans fin, que des ventres anéantis ont enfantés.
Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon à la Petite Croisée des Chemins jusqu'au 16 décembre 2022
Sophie Trommelen, vu le 18 novembre 2022 à la Petite Croisée des Chemins