Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare m.e.s de Célie Pauthe

 


 

Célie Pauthe adapte la tragédie de William Shakespeare Antoine et Cléopâtre. Cinq actes où sans cesse le désordre des passions côtoie la démesure des ambitions.

Rome a étendu son empire jusqu'aux confins de l’Égypte. Un empire que se partagent désormais Lépide en Afrique, Octave en Occident et Marc Antoine en Orient.

Sur la scène, dans un écrin de tentures luxueuses, Marc-Antoine et Cléopâtre vivent leur passion ardente nourrie de désir et de volupté. Les deux amants deviennent les maîtres d'un monde où tout semble possible. La musique et les chants, les costumes ornés de dorure, nous entrainent dans un raffinement enivrant. A travers cette union, c'est un nouvel avenir qui se dessine, un monde dans lequel Orient et Occident s'unissent pour créer un empire au métissage flamboyant. 

La mise en scène de Célie Pauthe crée cette atmosphère d’alcôve propice aux amours passionnées de la Reine d’Égypte et de l'Empereur. De la chaleur et de l'humanité que dégage cet Orient brûlant, contraste la froideur et la rigidité de la posture d'Octave.
Dans son costume taillé sur mesure, loin des fioritures luxuriantes des tenues d'Orient, Octave semble figé dans un Occident conservateur, inébranlable, intransigeant.
Mélodie Richard et Mounir Margoum, Cléopâtre et Antoine, incarnent toute l'incandescence de cet amour royal face à Eugène Marcuse, magistral Octave qui noiera à jamais les rêves d'union dans la bataille d'Actium.
 
La chaleur du décor s'ouvre alors sur une plaine de sable ocre.
La guerre fait rage, les empereurs s'opposent pour laisser place à un monde nouveau qui dessinera les contours d'un Orient et d'un Occident à jamais dissocier. La force de la mise en scène de Célie Pauthe nourrit nos espoirs de voir à chaque instant se renverser le destin du monde.
La tragédie nous emporte dans ces rêves de possible comme ces adolescents que deviennent Cléopâtre et Antoine dans la fulgurance de leur amour.
 
Célie Pauthe excelle à retranscrire la profondeur de la tragédie Shakespearienne dans sa tension sans jamais omettre les moments de dérision inhérents au texte. L’humour conforte nos héros dans ce qu'ils ont d'humain et d'attachant. Mélodie Richard et Mounir Margoum, se saisissent avec bonheur de la scène IV de l'acte IV dans laquelle Cléopâtre s’empêtre en enfilant l'armure d'Antoine.
Les apparitions de Glenn Maurasse font résonner tout le comique de la pièce de Shakespeare qui allie bouffonnerie et tragique.
Car rien n'est clair, limpide. Cléopâtre est un personnage féminin complexe.
Mélodie Richard interprète cet équilibre qui se joue entre inconstance, insouciance et aura.
 
Célie Pauthe réunit treize comédiens formidables et insuffle le vent de la tragédie.
Dans une mise en scène aboutie, elle puise dans l'essence du texte de Shakespeare pour nous conter cet épisode qui marquera à jamais la face de l'histoire. Célie Pauthe redonne au monde son éclat et nous fait croire, un instant, qu'il aurait pu en être autrement.

Du grand Shakespeare ! 

 


Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare jusqu'au 3 juin à l'Odéon, Théâtre de l'Europe - les Ateliers Berthier 

mise en scène Célie Pauthe 
avec : Guillaume Costanza, Maud Gripon, Dea Liane, Régis Lux, Glenn Marausse, Eugène Marcuse, Mounir Margoum, Mahshad Mokhberi, Mélodie Richard, Adrien Serre, Lounès Tazaïrt, Assane Timbo, Bénédicte Villain, Lalou Wysocka
traduction: Irène Bonnaud en collaboration avec Célie Pauthe
collaboration artistique : Denis Loubaton scénographie : Guillaume Delaveau costumes : Anaïs Romand lumière : Sébastien Michaud
son : Aline Loustalot
assistant à la mise en scène : Antoine Girard
production Centre dramatique national Besançon Franche-Comté avec la participation artistique du Jeune théâtre national avec le soutien de La Maison Louis Jouvet / ENSAD (École nationale supérieure d’art dramatique de Montpellier Languedoc-Roussillon)
Antoine et Cléopâtre, de William Shakespeare, traduction Irène Bonnaud et Célie Pauthe, est publié aux Solitaires Intempestif.

© Marion Lefervre

Vu le 17 mai à l'Odéon, Théâtre de l'Europe