Andromaque Racine m.e.s Robin Renucci

 

 

Pyrrhus roi d’Épire, aime Andromaque, veuve d’Hector, qu’il retient captive avec son fils Astyanax. Amour et devoir se confrontent à l’arrivée d’Oreste, ambassadeur des Grecs qui réclament la tête d’Astyanax, tandis que lui désire la main d’Hermione, fiancée de Pyrrhus. La folie des sentiments va alors déterminer la suite des évènements : qui de l’amour ou de la mort vaincra.

 

Robin Renucci, nous entraîne une nouvelle fois dans les dédales de la tragédie racinienne. Andromaque, troisième opus de son cycle que composent Bérénice, Britannicus et Phèdre, complète le travail du metteur en scène, toujours au plus près de l’alexandrin.

Ce qui frappe d’emblée c’est le traitement particulier du regard qui se joue ici sur le plateau. Le regard des acteurs, jamais frontal vers le public, se fond dans des face-à-face intenses et se tend vers l’horizon troublé des tragédies passées et à venir.

Ce regard, thème essentiel de la tragédie d’Andromaque, se déjoue des passions ou les attise, il est cette lueur qui fait basculer l’amant dans l'extase de se sentir élu ou le désespoir de se découvrir délaissé. 

Les acteurs aux pieds nus foulent le tapis, grand cercle infernal, qui dessine la spirale dans laquelle les entraîne l’exaltation de leurs sentiments.
Andromaque, Pyrrhus, Oreste et Hermione se retrouvent prisonniers d’une géométrie amoureuse dans laquelle ils tournoient jusqu’à en perdre la raison.
 

Le Gong retentit sur le ring des passions et sonne les actes dans un moment solennel. Ces demi-dieux qui portent le poids de la gloire de leurs aînés, se déchirent sur les ruines encore embrasées de Troie.

Les costumes brodés ont l’élégance et la délicatesse de ces enfants au sang royal. Le drapé soyeux d’Andromaque contraste alors au rouge vif de la robe d’Hermione qui finira, virginale, tout en blanc, épuisée, délestée de trop de poids, trop de haine, d’amour et de jalousie qui la mèneront jusqu’aux limites de la folie.

Chani Sabaty et Marilyne Fontaine composent une participation qui l’une dans la retenue et la douleur, l’autre dans l’exaltation de sa rage amoureuse nous transporte entre la douceur et la fureur de cette reine et princesse au funeste destin.
Sylvain Méallet et Julien Léonelli en costumes de Samouraï, guerriers désarmés face aux passions exaltées, se déchirent entre la posture d’enfants rebelles, prêts à faire replonger la Grèce dans les flammes, et l’héritage glorieux de leurs pères né du feu et du sang.
 
Une fois encore, Robin Renucci fait résonner la force et la beauté de la tragédie de Racine.
Robin Renucci nous transporte dans le courant d’un alexandrin, fluide, poétique et incandescent.
La parole et le langage circulent, vertigineux.
 

 

Andromaque - Entretien avec Robin Renucci  

Andromaque de Jean Racine à 21 heures 30 au Théâtre du Chêne noir dans le cadre du Festival d'Avignon

Mise en scène : Robin Renucci
Interprète(s) : Judith d'Aleazzo, Thomas Fitterer, Marilyne Fontaine, Solenn Goix, Julien Léonelli, Sylvain Méallet, Patrick Palmero, Chani Sabaty 
 
Scénographie : Samuel Poncet
Costumes : Jean-Bernard Scotto
Théâtre National de Marseille La Criée1-1055113
Coréalisation : Théâtre de Chêne Noir Production Tréteaux de France - Centre Dramatique National Production déléguée: La Criée Théâtre National de Marseille 
 
Voir aussi
Phèdre mis en escène de Robin Renucci

Crédit Photo : Sigrid Colomiès
 
Sophie Trommelen, Vu le 9 juillet 2022 au Théâtre du Chêne noir, Avignon