Pyrrhus roi d’Épire, aime Andromaque, veuve d’Hector, qu’il retient captive avec son fils Astyanax. Amour et devoir se confrontent à l’arrivée d’Oreste, ambassadeur des Grecs qui réclament la tête d’Astyanax, tandis que lui désire la main d’Hermione, fiancée de Pyrrhus. La folie des sentiments va alors déterminer la suite des évènements : qui de l’amour ou de la mort vaincra.
Robin Renucci, nous entraîne une nouvelle fois dans les dédales de la tragédie racinienne. Andromaque, troisième opus de son cycle que composent Bérénice, Britannicus et Phèdre, complète le travail du metteur en scène, toujours au plus près de l’alexandrin.
Ce qui frappe d’emblée c’est le traitement particulier du regard qui se joue ici sur le plateau. Le regard des acteurs, jamais frontal vers le public, se fond dans des face-à-face intenses et se tend vers l’horizon troublé des tragédies passées et à venir.
Ce regard, thème essentiel de la tragédie d’Andromaque, se déjoue des passions ou les attise, il est cette lueur qui fait basculer l’amant dans l'extase de se sentir élu ou le désespoir de se découvrir délaissé.
Le Gong retentit sur le ring des passions et sonne les actes dans un moment solennel. Ces demi-dieux qui portent le poids de la gloire de leurs aînés, se déchirent sur les ruines encore embrasées de Troie.
Les costumes brodés ont l’élégance et la délicatesse de ces enfants au sang royal. Le drapé soyeux d’Andromaque contraste alors au rouge vif de la robe d’Hermione qui finira, virginale, tout en blanc, épuisée, délestée de trop de poids, trop de haine, d’amour et de jalousie qui la mèneront jusqu’aux limites de la folie.
Andromaque de Jean Racine à 21 heures 30 au Théâtre du Chêne noir dans le cadre du Festival d'Avignon