A travers un récit autobiographique émouvant, Mavikana Badinga raconte le processus de construction d'une femme qui cherche à comprendre son identité. Dans un texte profond, en quête de son propre récit, Mavikana Badinga déroule le fil d'une histoire familiale intimement liée à la politique colonialiste de la France en Afrique.
Née en Belgique d’un père gabonais et d’une mère franco-portugaise, Mavikana Badinga revendique fièrement la pluralité de ses racines. Pourtant, face à l’administration kafkaïenne, au racisme ordinaire, Mavikana Badinga sent un cri croître en elle, une nécessité vitale de comprendre pourquoi elle sera toujours une étrangère dans le pays où elle a grandi. Pourquoi la France entretient-elle encore ce complexe de supériorité envers ses concitoyens d’origine africaine ?
Se réappropriant son propre récit, Mavikana Badinga décentre le point de vue de l’histoire. Déconstruisant les non-dits et les secrets politiquement bien gardé de l’époque coloniale et de la Francafrique, J’ai plusieurs terres est le montage pas à pas d'épisodes fracturés de l’histoire du Gabon qui se relient pour former le récit cohérent d'un pays, d’une identité, d’une vie.
Théâtre documentaire, J’ai plusieurs terres s’appuie sur un corpus d’archives sonores et visuelles. Sont diffusés au plateau des extraits de discours de Jacques Chirac, de Maurice Delauney, ambassadeur de France au Gabon puis président de la Compagnie des mines d'uranium de Franceville au Gabon, ou encore la voix d’un ancien agent du renseignement confirmant, dans une émission radiophonique de Patrick Pesnot, l’implication française dans le putsch raté contre Léon M'Ba. Autant de témoignages qui, mis bout à bout, figurent l’ingérence française dans un pays pourtant officiellement indépendant.
À travers la parole, la danse, le chant, la musique, Mavikana Badinga compose un portrait lucide et lumineux d’un pays malmené, qui ce soir nous est donné à voir sous un prisme nouveau.
Militant sans jamais être vindicatif, J’ai plusieurs terres est nourri de ce besoin de faire la paix. Mavikana Badinga nous rappelle que la question du récit n’est jamais close. C’est dans cette parole reconquise, réactivant les manques et les silences, que se dessine un chemin possible : celui de la réconciliation qui ne renoncerait ni à la douleur, ni à la lumière.
Un récit vibrant, à la fois politique et poétique, à la croisée de l’intime et de la grande Histoire.
J'ai plusieurs terres de Mavikana Badinga du 5 au 26 juillet à 21 heures Salle Tomasi//LA FACTORY dans le cadre du Festival OFF d'Avignon 2025
https://www.la-factory.org/jai-plusieurs-terres/
Avec : Mavikana Badinga
Mise en scène : Mavikana Badinga, Julien Graux, Raquel Silva
Dramaturgie : Julien Graux, Raquel Silva
Création lumières, vidéo : Sébastien Sidaner
Ingénieur du son : Maxence Collart
Scénographie : Alexandrine Rollin, Sébastien Sidaner
Construction : Alexandrine Rollin
Témoignages, voix off, chant : Marie-Madeleine Sousatte
Collaboration graphique : Kofoh Nzau
Conception costume : Alexandra Épée
Confection costume : Marie-Madeleine Sousatte
Photos : Laurent Rousselin
Administration : Tiffany Mouquet (Equipaie)
Diffusion : Julie Rigaut
Création graphique dossier : Constance Vauquet
Prix Théâtre
Beaumarchais-SACD 2024
Production : Compagnie Yaena
Co production : Le Safran - Scène conventionnée d’Amiens Métropole, Maison du Théâtre – Amiens,
Théâtre Exchange (Centre culturel Léo Lagrange – Amiens et Théâtre Massenet – Lille)
Soutiens : DRAC Hauts-de-France, Conseil Régional Hauts-de-France, Conseil Départemental de la
Somme, Amiens Métropole, Bourse Théâtre Beaumarchais SACD 2024.
Partenaires : Le Safran, Scène conventionnée d’Amiens Métropole / Maison du Théâtre d'Amiens / Le
Vivat, Scène conventionnée d'intérêt national Art et création d'Armentières / Les Scènes d’Abbeville
/ Centre Culturel Léo Lagrange – Amiens et Théâtre Massenet – Lille, dans le cadre d’Exchange /
Théâtre du Chevalet – Scène conventionnée de Noyon / Culture Commune – Scène nationale du
bassin Minier et L’Oiseau Mouche – Roubaix dans le cadre d’Exchange / Communauté de communes
du Grand Roye / Le Trait d’Union, scène culturelle Longueau-Glisy
Sophie Trommelen, vu le 12 juillet 2025 à La Factory dans le cadre du Festival OFF d'Avignon 2025