Britannicus Tragic Circus des Épis Noirs





Fidèle au Festival d’Avignon, Pierre Lericq présente la dernière création des Épis Noirs : Britannicus Tragic Circus.

Le prologue annonce la couleur : ‘Attention, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, les monstres que vous allez voir ce soir, sont des monstres aussi monstrueux que... vous !’ 
En Monsieur Loyal, dresseurs de montres, Pierre Lericq nous exhorte ce soir à libérer celui qui est en nous, celui que notre bonne éducation a bien enfoui dans nos tréfonds.

Nous sommes au Théâtre, alors un instant, lâchons tout et plongeons dans le monde de l’imaginaire et de la fête ! 

La scène, transformée en piste de cirque, sous son chapiteau bien tendu, accueille les saltimbanques, héros ce soir de la tragédie racinienne, ou de la leur ! Car quoi de mieux qu’une bonne tragédie, en l’occurrence, Britannicus, pour représenter le cirque de la vie ! 
 

Néron, à l’aube d’être nommé futur empereur de l’empire romain, enlève Junie promise à son frère Britannicus. La colère gronde dans le palais. Agrippine, sa mère, est furieuse et voit ainsi tous ses sacrifices anéantis par ce caprice de beatnik, car oui, nous sommes aussi un peu en mai 68 ! 

Excessif, jouissif, le spectacle nous entraîne dans la tourmente de ces égos surdimensionnés. Pierre Lericq enchaîne les scènes comme il enchaîne des numéros de dressage, despotique, il mène sa troupe à la cravache.
La mise en abyme de la tragédie qui se joue sur scène et des coulisses de cette troupe asservie à son directeur exulte l’esprit malicieusement grinçant et réjouissant de la compagnie des Épis Noirs.
 
Junie, Juliette de Ribaucourt, en délicieuse poupée candide, se retrouve confrontée  au despotisme de Néron. Néron, magnifique Tchavdar Pentchev à l’énergie communicative, est de tous les combats. Écrasé par sa mère, Marie Réache, savoureusement maléfique, et tourmenté par son frère Britannicus, campé par l’impressionnant Jules Fabre, Néron est tiraillé. Si le monstre en lui s’exprime, c’est le poète qu’il aimerait enfin libérer de cette monstruosité qui l’habite.
Gilles Nicolas, en messager dépité, essaie tant bien que mal de réguler ce joyeux imbroglio racinien. 
 
L’univers du cirque sied merveilleusement à la compagnie des Épis Noirs. Entre performance, comédie musicale, et adresse directe au public, la compagnie nous entraîne dans une folle aventure où l’alexandrin se fond dans les riffs de guitare.
Les compositions musicales jouées en live ponctuent le show d’une vitalité contagieuse. Le chœur antique de la tragédie, dans un rock festif et entraînant, rythme la pièce d’une énergie pétillante.
 

Pierre Lericq et les Épis Noir nous entraînent une fois de plus dans leur univers inimitable. Détournant les codes de la tragédie, jouant avec les mots, Britannicus Tragic Circus met à mal la tyrannie du pouvoir et son despotisme inhérent.

Un spectacle musical, généreux et festif, à l’image de la compagnie.

 

 

Britannicus Tragic Circus de Pierre Lericq à 19h55 au Théâtre du Balcon du 7 au 29 juillet 2023 dans le cadre du Festival Off d'Avignon

https://www.festivaloffavignon.com/programme/2023/britannicus-tragic-circus-s33755/


Mise en scène : Pierre Lericq
Interprète(s) : Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar Pentchev, Marie Réache, Juliette De Ribaucourt
Costumes : Chantal Hocdé Del Pappas
Lumières : François Alapetite
Son : Jules Fernagut Scénographie : Yves Kuperberg
Assist. mes : Bérangère Magnani
Atelier Théâtre ActuelL-R-20-1927
Coréalisation : Théâtre du Balcon
Coproduction : Louis d’Or
Production Coproduction : Arts et Spectacles Production
Avec le soutien du Théâtre de Saint-Maur, de l’Espace Sorano de Vincennes, du Centre Culturel Marc Brinon de Saint-Thibault-des-Vignes, d’Anis Gras-le lieu de l’Autre, le Phénix Festival et le CNM 
 
Sophie Trommelen, vu le 14 juillet 2022 au Théâtre du Balcon dans le cadre du Festival d'Avignon