Recueil de textes autobiographiques, la Vie Matérielle est le fruit d'entretiens entre le réalisateur Jérôme Beaujour et l'écrivaine Marguerite Duras. Paru en 1987, le récit oscille entre réflexions et fragments de vie que Marguerite Duras partage dans cette écriture à quatre mains.
Michel Monnerreau adapte le texte en des instants choisis et déroule le fil soigneux d'une histoire qui éclaire l’œuvre de l'autrice. L'alcool, l'enfance, l'amour, autant de moments intimes que Marguerite Duras dévoile et nous livre sans fard.
Catherine Artigala porte le monologue en se glissant dans la peau de Marguerite Duras. Dans un mimétisme touchant, Catherine Artigala est Marguerite Duras. Son incarnation nous donne à redécouvrir cette voix posée, cette diction entrecoupée de silences.
De son passage à l’Hôpital Américain, ce jour où elle comprend avec une évidence douloureuse qu'elle n'écrirait plus jamais, à ces quinze années où elle a jeté ces manuscrits aussitôt que le livre était paru, les extraits dessinent le contour d'une femme qui n'a eu de cesse de se débattre avec soi-même.
Elle est tout aussi touchante lorsqu'elle évoque sa mère, la maternité, qui oblige la femme à une vie matérielle, l'éloignant de la spiritualité. Elle explicite en des mots limpides, clairs, un propos moderne qui a ouvert les portes à de nombreux combats.
Ce film mal monté, ce polard sans tuerie, comme elle qualifie sa vie, sont autant de considérations qui éclairent les peines et les douleurs avec lesquelles Marguerite Duras a dû composer.
Entre souvenirs et réflexions Catherine Artigala, Michel Monnereau, et William Mesguich nous emmènent en promenade dans l'univers de Marguerite Duras.
Un moment intime et émouvant.
© Xavier Cantat