Arnaud Meunier adapte sur la scène du Théâtre de la Ville le conte philosophie de Voltaire, Candide ou l'Optimisme publié en 1759.
Candide jeune ingénu a été élevé dans le château de Thunder-then-Tronckh selon les préceptes de Pangloss : 'Nous vivons dans le meilleur des mondes possibles'.
Surpris en compagnie de Cunégonde, la fille du baron, il est chassé du château. Commence alors un long voyage initiatique ; il découvrira la guerre, la faim, la maladie et la violence tout au long de son long périple.
Pour mieux dénoncer les injustices, la religion et toutes formes d’oppression, Voltaire écrit un conte philosophique fantasque et ironique et marquera de son sceau l'esprit des lumières.
Accompagné de huit acteurs et de deux musiciens, Arnaud Meunier entremêle judicieusement le théâtre à la force du conte. Les acteurs, en un rythme effréné, font claquer les mots autant qu'ils font claquer les coups de fouet.
L'action se mêle à la narration et les tableaux défilent au rythme des aventures du jeune Candide qui se retrouve lâché dans un monde hostile.
Chaque tableau nous plonge un peu plus dans l'horreur et dans la violence d'un monde que Voltaire dénonce avec une ironie amère et sans concession.
La scénographie, gracieuse, contraste avec la dureté du propos et reflète par ses couleurs douces toute la candeur du personnage dont l'optimisme contraste avec l'infamie qu'il côtoie et subit.
Les chapitres s'enchainent sous forme de tableaux à l'image picturale forte.
Les personnages se détachent de ce fond de ciel parfois bleu, souvent menaçant, comme peints par une main de maitre.
La musique, jouée en live, accompagne les tribulations de nos personnages qui, de mésaventures en mésaventures, dessinent l'image d'un monde cruel, injuste et barbare.
Arnaud Meunier insuffle à son adaptation un véritable esprit de troupe.
Les personnages se croisent, se rencontrent et chacun apporte son lot d'atrocités qui nourrissent le conte et justifient chaque fois un peu plus la vision du monde fataliste de Voltaire.
Non, Dieu n'a pas créé le meilleur des mondes possibles. Le monde est dur et le fanatisme dangereux.
Le meilleur des mondes possibles est celui que l'on se crée, ce jardin que l'on cultive, forts de nos expériences.
Les huit comédiens virevoltants de rôles en rôles insufflent toute la légèreté d'un jeu frais, rythmé, et accaparent le spectateur comme s'ils jouaient sur une place publique, s'adressant au plus grand nombre.
Arnaud Meunier propose une adaptation rythmée et enjouée, rebondissant judicieusement sur les effets d'exagérations du texte de Voltaire.
Avec une fluidité entrainante le propos de Voltaire se fait limpide, accessible et le joyeux l'emporte sur le tragique.
Candide De Voltaire au Théâtre de la Ville - Espace Cardin jusqu'au 18 février 2022
mise en scène :Arnaud Meunier
avec Cécile Bournay, Philippe Durand, Gabriel F, Manon Raffaelli, Romain Fauroux, Nathalie Matter, Stéphane Piveteau, Frédérico Semedo, Matthieu Desbordes, Matthieu Naulleau.
Collaboration artistique : Elasa Imbert
Version scénique, dramaturgie et assistanat à la mise en scène : Parelle Gervasoni
Composition musicale Matthieu Desbordes et Matthieu Naulleau
Scénographie & vidéo : Pierre Nouvel PIERRE
Création lumière : Aurélien Guettard Costumes Anne Autran
Perruques et maquillage : Cécile Kretschmar
Regard Chorégraphique : Jean-Charles Di Zazzo Accessoires Hubert Blanchet
Vu le 10 février 20022 au Théâtre de la Ville - Espace Cardin
