Le Consentement de Vanessa Springora m.e.s Sébastien Davis

 


Quatre ans après la déflagration de la sortie du roman de Vanessa Springora et deux ans après les premières représentations de l'adaptation scénique de Sébastien Davis, la reprise du Consentement saisit toujours autant, bouleversante dans ce qu'elle raconte du phénomène de la prédation sexuelle d'un adulte sur une enfant.

Le Consentement c'est la mémoire à l’œuvre qui déconstruit le déni d'une société qui a protégé des criminels. Validé par son statut d'artiste influant et estimé par un microcosme intellectuel, Gabriel Matzneff a évolué en toute impunité au-dessus des lois. Un système de prédation qui ne se conjugue pas qu'au passé, qui subsiste, pernicieux et résistant dans un milieu qui peine à entendre une parole qui se libère.

Ludivine Sagnier donne corps à l'assurance de celle qui n'a plus aucun doute sur les abus qu'elle a subis, une assurance qui jamais ne répare le traumatisme. Si, devenue adulte, Vanessa Springora a le recul nécessaire pour énoncer limpidement le caractère pédophile, criminel, de ce qu'elle croyait être une relation amoureuse, reste alors l'abîme, la fêlure. La présence scénique de Ludivine Sagnier impose la puissance de la lucidité et de la sincérité du témoignage de l'autrice.

Se réfugiant parfois derrière un rideau diaphane, Ludivine Sagnier se pare alors du voile du trauma et met à nu une personnalité qui s'est construite sur l'écueil de la blessure. Les battements rythmiques de la batterie de Pierre Belleville font surgir la douleur et la colère contenues par la distance inhérente au texte. Une distance pudique dans l'émotion, inflexible dans la description des faits.
Factuelle, chronologique, la mise en scène de Sébastien Davis rythme de façon chirurgicale le mécanisme implacable qui pousse inexorablement la jeune fille dans le lit de l'écrivain.
 
Le texte témoignage de Vanessa Springora a pour toujours ancré le mot consentement dans notre vocabulaire. Un mot qui résonne avec celui de l'emprise. Car qu'est-ce que le consentement s'il est biaisé, nié. 
Sébastien Davis et Ludivine Sagnier trouvent la distance juste et nécessaire pour porter la voix du témoignage. Ludivine Sagnier est lumineuse dans cette mise en voix et en corps poignants d'une prise de conscience intime devenue sociétale. 
 


 

Le Consentement de Vanessa Springora mise en scène de Sébastien Davis au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 6 avril, en partenariat avec le Théâtre de la Ville.

Texte : Vanessa Springora
Mise en scène : Sébastien Davis
Avec : Ludivine Sagnier, Pierre Belleville
Collaboration artistique : Cyril Cotinaut
Création musicale : Dan Levy
Création lumière : Rémi Nicolas
Assistante à la mise en scène : Dayana Bellini
Scénographie : Alwyne de Dardel
Assistante scénographie : Claire Gringore
Stagiaire scénographie : Sabine Rolland
Régie générale : Julien Alenda
Régie son : Warren Dongué
Directrice de production : Véronique Felenbok
Chargée de production : Aliénor Suet
 
Presse Olivier Saksik
Production Sorcières & Cie
Coproduction Châteauvallon-Liberté – Scène nationale, Théâtre de la Ville (Paris), Château Rouge – Scène conventionnée d’Annemasse Création en résidence au Liberté – Scène nationale Toulon
Avec le soutien de l’ADAMI Déclencheur, de la SPEDIDAM et de l’école Kourtrajmé 

Sophie Trommelen, vu le 6 mars 2024 au Théâtre du Rond-Point.