A Bright Room Called Day de Tony Kushner

 
 

Catherine Marnas met en scène la fresque politique de Tony Kushner A Bright Room called Day.

Dans un décor de cabaret aux couleurs vives et saturées, cinq amis fêtent le nouvel an.
Une nouvelle année particulière. Nous sommes le 1er janvier 1932, à Berlin.
 
Sur un plateau dédoublé, séparant la scène en deux époques distinctes, Tony Kushner convoque les fantômes du futur. L'année 1985 côtoie celle de 1932.
Interprétée par Sophie Richelieu, Zillah, dans des diatribes venues d'un autre temps, le nôtre, met en parallèle cette année 1932 à celle de la réélection de Ronald Reagan.
Interrompant cette année berlinoise, la New-yorkaise hante le plateau tout comme le double de l'auteur, Xillah (Gurshad Shaheman), qui s’empare de la scène et investit la pièce. 

Sur l'échelle de l'horreur, la comparaison peut choquer. Mais Tony Kushner axe son propos sur les montées du nationalisme, comment le pire peut s'installer. Comment s'y prépare-t-on ?

Tony Kushner pose son regard acerbe sur cette période trouble de l'histoire.
Au ''Comment'' d'hier, la même interrogation se pose toujours aujourd'hui. Le mal n'est jamais très loin et les spectres du passé rodent sur nos démocraties défaillantes.
Convoquant le diable sur scène, le mal absolu, Tony Kushner le fait se délecter de nos époques corrompues. 'Je sens d'énormes possibilités dans le monde moderne ' déclare le diable incarné par Tony Palazotto, formidablement effrayant.
 
Catherine Marnas avec la complicité de Tony Kushner met en scène un texte sans cesse en mouvement, qui évolue selon l'actualité et que l'auteur adapte à l'ère ultra-libérale de Donald Trump.
Dans un esprit de troupe complice et engagée, Yacine Sif El Islam, Annabelle Garcia, Julie Papin, Simon Delgrange, Agnès Pontier et Bénédicte Simon incarnent chacun un caractère pris au piège de la tourmente qui se prépare.

A Bright Room Called Day devient le lieu d'une conscience politique, de cette lueur vacillante que l'on doit s’efforcer de garder vive. Nous sommes en 1985 et quelque chose va très très mal. Nous sommes en 2021 et il semblerait que ce quelque chose ne soit toujours pas guéri.

Un cabaret politique et engagé qui éveille notre vigilance.

 


 

A Bright Room Called Day de Tony Kushner au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 5 décembre 2021

Mise en scène : Catherine Marnas
Avec : Simon Delgrange, Annabelle Garcia, Tonin Palazzotto, Julie Papin, Agnès Pontier, Sophie Richelieu, Gurshad Shaheman , Yacine Sif El Islam, Bénédicte Simon
Traduction : Daniel Loayza
Assistanat à la mise en scène : Odille Lauria, Thibaut Seyt (stagiaire) Scénographie : Carlos Calvo Musique : Boris Kohlmayer
Son : Madame Miniature assistée de : Jean-Christophe Chiron, Édith Baert
Conseil et préparation musicale : Eduardo Lopes
Lumières : Michel Theuil assisté de : Clarisse Bernez-Cambot Labarta, Véronique Galindo
Costumes : Édith Traverso assistée de : Kam Derbali
Maquillage : Sylvie Cailler
Projection : Emmanuel Vautrin
Confection marionnettes : Thibaut Seyt
Construction du décor : Jérôme Verdon assisté de : Éric Ferrer, Marc Valladon, Loïc Ferrié 
 
Vu au Théâtre du Rond-Point le 23 novembre 2021